L'enfant qui s'ennuyait
(transposition libre d'une idée de Charles Péguy :« L'homme qui s'ennuyait »)
C'est un gentil enfant. Il ne manque de rien. Il sait déjà faire beaucoup de choses mais... il s’ennuie !.... il s'ennuie tout le temps ; d'un bout de l'année à l'autre, il s'ennuie. Comme il s'ennuie !....
Pourtant, il connaît le moyen de ne plus s'ennuyer !...
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« Ah ! Si je le faisais ?... ; les parents me l'ont interdit mais je serais discret, ils n'en sauront rien. »
Alors un soir, caché derrière le livre d'histoire, l'enfant ouvre... sa tablette ; enfin, la tablette qui lui est confiée pour son travail scolaire. Tout en jetant un coup d’œil vers la porte, il cherche dans son agenda le lien que lui a indiqué un grand de l'école ; bon, ce camarade aime mieux « rigoler » (même parfois, grossièrement !) que de travailler mais, lui au moins, il ne s'ennuie pas !
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« Voyons où l'ai-je écrit ? » - Retour arrière fébrile dans l'agenda.
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« Yes ! le voilà au 22 janvier »
A ce moment, la tablette se met à vibrer et sur l'écran apparaît saint Vincent ; vous savez, cette belle représentation du saint de l'église d'Audaux.
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« Enfant, une parole donnée ne peut être reprise ; tu voudrais être un traître ? Moi, j'ai été martyrisé pour avoir tenu bon dans l'annonce de l’Évangile mais je suis pour toujours dans le bonheur éternel ! »
L'enfant manque d'en tomber à la renverse ! Il se frotte les yeux et soulève son livre d'histoire étalé sur la tablette. Rien. L'écran est noir. Il rouvre son agenda nerveusement. 25 juillet.
De nouveau, la tablette vibre ; alors saint Jacques, la belle statue en platre de l'église de Navarrenx, sourit à l'enfant :
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« Je sais que tu es bon élève et que tu donnes de bons conseils à tes camarades ; et toi, tu ne les mettrais pas en pratique ? »
L'image s'efface laissant notre petit ami sans voix :
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« C'eeest papapas posssssible !... je rêve ! »
L'agenda est toujours ouvert et la page en vis à vis est, bien sûr, le 26.
Dans le même bruissement, plusieurs couleurs apparaissent sur la tablette et l'enfant stupéfait reconnaît le tableau de la nativité de la Vierge à Navarrenx. Aucun des personnages ne le regarde, ni ne lui parle.
L'enfant regarde Marie, bébé, qui est tenue par une servante. Sainte Anne contemple sa fille sous le regard bienveillant de saint Joachim, son père.
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« Non, je ne veux pas faire de peine à mes parents qui me font confiance ! »
L'image s'estompe alors en un joli arc-en ciel.
En refermant tranquillement son agenda, l'enfant pose la main sur la page du 11 novembre. Aussitôt, la tablette vibre.
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« Ah non, stop ! ; j'ai compris ; j’obéis ! »
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« Je viens pour te féliciter, cher enfant ! (c'est saint Martin, tel qu'il est peint dans l'église d'Araujuzon) ; à présent, à toi de dire à tes camarades, surtout à ce grand de mauvais conseil, que le bonheur ne se trouve que sur le bon chemin »
Tandis que l'image disparaît, l'enfant réalise qu'il ne s'était pas ennuyé, mais pas ennuyé du tout ! Il se promit alors de lire ce beau livre de la vie des saints que ses grands-parents lui avaient offert sans qu'il ne l'ai jamais ouvert.
En effet, « de même qu’il n’y a pas un lieu sur la terre, pas un endroit, qui ne soit le point de recoupement d’une latitude et d’une longitude, de même aussi, aucune circonstance de notre vie ne peut échapper à l’influence des saints.
Ils ne sont jamais loin de nous, toujours prêts à intervenir pour nous aider dans la lutte contre le péché, toujours prêts à intercéder pour nous obtenir la grâce d’éviter le mal et de pratiquer le bien. » (§)
(§) (ce passage est repris d'une des interprétations trouvées sur la toile et sur le site de la paroisse d'Hendaye)
Charles Péguy n'a pas écrit lui-même le conte de « l'homme qui s'ennuyait » - il l'avait seulement raconté à des amis. On trouve plusieurs interprétations différentes sur la toile selon qu'elles soient écrites par des chrétiens ou des laïcs !... de ce fait, je n'en donne pas les liens pour respecter la liberté de penser de chacun.
JT