La joie jaillit de l'Espérance
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Ailleurs dans l'Eglise

| abbé Ludovic 754 mots

Sortie en salles : Tout mais pas ça

Rome. Tommaso De Luca, la cinquantaine, est un chirurgien reconnu. Avec son épouse Carla, ils ont élevé leurs enfants Andrea et Bianca dans un esprit de laïcité. Or voilà qu’Andrea annonce son intention de devenir prêtre. (Bande annonce)

Tommaso, athée convaincu, persuadé que son fils est sous influence et qu’il est fait pour tout sauf pour être prêtre, est bien décidé à tout faire pour éviter cette catastrophe. Tommaso décide de suivre Andrea en cachette afin d'en savoir plus sur ce prêtre particulier Don Pietro, qui a « retourné » Andrea, ​ et libérer son fils de l’influence de ce dernier.

Une comédie réflexive

Rares sont les films qui évoquent la vocation sacerdotale à ses débuts. Dans le registre dramatique on peut citer Les mains liées (1956) de Roland Quignon, mais dans celui de la comédie, cela ne vient pas promptement à l’esprit. Il faut reconnaître à l’italien Edoardo Maria Falcone qui se limitait jusqu’alors à l’écriture de scenarii et qui avec Tout mais pas ça  réalise son premier long métrage, une certaine audace à aborder ce sujet sur le ton de la comédie.

Mais d’une certaine façon, plus que la vocation, l’argument scénaristique est plutôt ce que l’annonce de celle-ci provoque dans l’entourage d’Andrea, fils d’un chirurgien renommé. A cet égard, Si Dieu le veut dans sa version italienne originale, aurait été une traduction beaucoup plus pertinente et conforme au vrai sujet du film. En effet, cette annonce ne provoque rien moins que l’implosion de la cellule familiale. Du père à la mère en passant par Bianca, la sœur d’Andrea, chacun est amené à se remettre assez brutalement en cause. Le scénario tourne essentiellement autour du père qui n’a de cesse de trouver le moyen d’empêcher son fils d’aller plus loin dans cette voie, mu à la fois par un athéisme primaire et viscéral et persuadé que cette voie est inadaptée au caractère de son fils.

L’aspect comique est plus ou moins réussi. On peut rire plusieurs fois dans les vingt premières minutes, après le rire laisse la place à un sourire léger, certains comportements, certaines réactions et observations étant plutôt bien venues. Cependant, plus on s’achemine vers un dénouement et plus le film évolue vers la comédie dramatique avec un côté mélodramatique. Il faut aussi signaler une présentation trop sentimentale et naturaliste de la Foi, offrant par exemple à voir le prêtre comme un homme jeune, on ne peut plus dynamique, pour ne pas dire hyper actif,  bien entendu sympathique et, ce qui ne gâche rien,  bien de sa personne, bref un homme aussi ordinaire qu’un autre, ou presque, et qui de surcroit n’est visible que quelques instants véritablement dans l’exercice de son sacerdoce (célébration de la messe, prière…).

En revanche, il faut reconnaître à Tout mais pas ça ! le mérite indéniable de faire ressortir deux considérations intéressantes. En premier lieu, et notamment dans sa première partie qui traite de l’annonce par Andrea de sa vocation et des premières réactions que celle-ci provoque, le film met clairement en évidence l’état de déchristianisation de nos sociétés occidentales.  En second lieu, et cette fois-ci dans le dénouement objectivement assez dramatique de l’intrigue, puisque celle-ci se solde non seulement par la mort accidentelle du prêtre à l’origine de la vocation d’Andrea mais aussi par le renoncement de celui-ci qui a pris conscience qu’il n’était pas appelé à la prêtrise, le film, très intelligemment, décrit cette fois comment d’un mal peut sortir un bien et combien les voies de Dieu sont impénétrables puisque, en l’espèce, l’échec de cette vocation et la crise familiale que l’annonce de celle-ci avait fait naître, ne permettent rien moins que la réconciliation familiale sur des bases plus solides qu’au début de cette aventure. C’est sans nul doute, l’aspect évangélique le meilleur de cette comédie très contemporaine qui par ailleurs, en raison d’un rythme plutôt alerte, de mises en situation intelligentes, de quelques subtilités narratives et de trois interprétations de bon niveau de personnages assez complexes à  restituer (le personnage du père d’Andrea que Marco Giallini  parvient à maintenir crédible à travers son évolution, Don Pietro, le prêtre incarné par Alessandro Gassman, fils du grand Vittorio Gassman,  qui en agacera certainement plus d’un avec son côté Romain Duris et son rôle qui n’est pas représentatif de la nouvelle génération de séminaristes et prêtres, et enfin Carla, la mère du futur séminariste, la bourgeoise qui s’est laissée étouffer par son mari, finement interprétée par la charmante Laura Morante que ceux qui ont vu La Chambre du fils (2001) de Nanni Moretti ne peuvent pas avoir oublier) a le mérite, sans faire un sermon,  de pouvoir faire réfléchir bon nombre de spectateurs sur le vide que la Foi peut combler, l’élévation qu’Elle peut apporter en comparaison à ce qu’offre la réalité quotidienne avec son lot de contingences et de matérialisme.

Bruno de Seguins Pazzis

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