Depuis plusieurs mois, de sombres et tristes affaires affectent l’Eglise et scandalisent légitimement bien des personnes, qu’elles soient membres de l’Eglise ou en dehors
Il n’est pas question de trouver des circonstances atténuantes à ceux qui se sont laissés entraîner dans ce fléau pervers qui salit, qui souille profondément l’innocence d’enfants et de jeunes. Mais, il faut dire ici qu’ «un arbre ne doit pas cacher la forêt » et que beaucoup de cardinaux, d’évêques, de prêtres, de religieux exercent leur ministère de façon transparente, généreuse, dévouée ! Pensez aux prêtres qui desservent nos paroisses, nos aumôneries, nos mouvements et qui, avec vous, oeuvrent à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Prions aussi pour ceux qui sont « tombés » : ils restent no frères… « Que celui qui n’a jamais péché… » (Saint Jean 8, 7).
« Pourquoi restez-vous dans l’Eglise ? » : à cette question abrupte, le futur Pape Benoit XVI qui était encore le Cardinal Ratzinger, répondit : Pourquoi je reste dans l’Eglise ? Parce que je crois qu’aujourd’hui comme hier, derrière notre Eglise, vit, intangible, Son Eglise (à Lui, Jésus !). Concrètement : c’est l’Eglise qui, bien qu’assujettie aux infirmités humaines, nous donne Jésus Christ et ce n’est qu’à travers elle que nous pouvons accueillir Jésus comme une réalité vivante et puissante… Quelle que soit la somme d’infidélités que l’Eglise contienne et puisse contenir -et on sait le lui rappeler régulièrement !-, c’est par elle que Jésus demeure Vivant, qu’Il nous parle, qu’Il est auprès de nous, en tant que Maître et Seigneur ».
Nous savons tous, depuis fort longtemps, que l’un des paradoxes de l’Eglise est que le Don du Christ ait été confié à des hommes pécheurs : il suffit de reparcourir l’appel des premiers Apôtres et des disciples pour s’en rendre compte : il faut entendre ici, Saint Pierre, dire à Jésus : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (Saint Luc 5, 8) ou encore Saint Paul reconnaître devant les Corinthiens (15, 8-9) : « Jésus est apparu à l’avorton que je suis. Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu ». Sainte dans sa source qu’est le Christ, l’Eglise dans sa partie terrestre, visible, n’en demeure pas moins pécheresse dans sa vie, parce qu’elle a nos visages, elle est faite d’hommes et de femmes à la fois généreux et faillibles, avec leurs côtés lumineux et sombres et nous devons reconnaître en nous les pulsions vers le mal et la part de la faute ou du péché dans nos vies : « Le catholique ne doit pas oublier qu’en jetant la pierre à l’Eglise, c’est lui-même qu’il vise » disait le Père Bernard Sesboüé.
Et vous ? Que répondriez-vous à la question : « Pourquoi restez-vous dans l’Eglise ? ».
J’aime l’Eglise parce qu’elle me greffe sur Jésus : comment Le connaîtrai-je sans elle ? Comment pourrais-je comprendre Sa Parole, comment pourrais-je Le rencontrer sans les Sacrements qu’Il a voulus et institués ?
J’aime l’Eglise parce qu’elle m’aime : elle n’a pas peur des brebis qui appartiennent au Vrai Bon Pasteur, que ces brebis soient vigoureuses ou malades, perdues ou blessées, fidèles ou infidèles !
J’aime l’Eglise parce qu’elle est, à la fois, faible et forte, pauvre et riche, infidèle et éternelle, vieille et toujours jeune, traditionnelle et toujours « dans le vent », le Vent de l’Esprit de Pentecôte ! Elle est l’Eglise qui s’adapte à tous les climats, toutes les latitudes, toutes les époques ! Elle est l’Eglise qui est partout chez elle, africaine en Afrique, mexicaine au Mexique, parisienne à Paris, basque, gasconne, béarnaise à Bayonne !
J’aime l’Eglise parce qu’elle a le visage de la sainteté de ses membres : elle a le visage de Saint Benoit et de Saint François d’Assise, le visage du Bienheureux Louis-Edouard Cestac, le visage de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Sainte Teresa de Calcutta, le visage de Saint Michel Garicoïts et de toute cette foule innombrable que Saint Jean nous décrit au livre de l’Apocalypse (7, 9).
J’aime l’Eglise parce qu’elle a ton visage et ta vie pour dire Jésus au monde d’aujourd’hui et, si tu es catéchiste, pour porter Jésus aux enfants et aux jeunes qui te sont confiés !
J’aime l’Eglise parce qu’avant d’être notre Eglise c’est Son Eglise à Lui, Jésus, et c’est pour cela que nous restons en elle et que nous l’aimons au-delà de tout !
Chronique de M. l'Abbé Jean-Bernard Hayet, délégué épiscopal pour la catéchèse, sur Radio Lapurdi Irratia.