La joie jaillit de l'Espérance
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Ailleurs dans l'Eglise

| abbé Ludovic 437 mots

Les tremblements de Sr Marie

Notre Fraternité de Bagnoregio ressent bien fort les tremblements de terre de ces derniers mois. Il y a quelques petites secousses encore tous les jours.

Certes elles ne sont pas de la même force que celles de fin août ni de fin octobre. La plus forte était celle de dimanche matin, 30 octobre, à 7h41, tandis que nous récitions les Laudes. Tout bougeait dans la chapelle ! Nous avons continué l’Office dans la salle de musique qui est plus sûre, grâce à la ceinture de tirants que notre Père Théodossios y avait fait mettre quand nous avons emménagé dans ce couvent.

Nous avons vu les images désolantes de Nurcie, la petite ville natale de saint Benoît et de sa sœur jumelle Scholastique. On aurait cru que la terre s’acharnait contre cette pauvre petite ville et son sanctuaire. Il n’y restait plus beaucoup d’habitants. Il y avait aussi trois ou quatre Bénédictins, trois ou quatre Franciscains, trois ou quatre Bénédictines et trois ou quatre Capucines, qui persévéraient courageusement à rester dans ce cœur de la Chrétienté européenne. Il n’y a eu ni mort ni blessé. Maintenant, il ne reste plus personne, si ce n’est quelques paysans qui ont leurs bêtes dans les champs et qui campent là. Le sol de cet endroit s’est abaissé de 70 centimètres.

Parmi les images les plus touchantes, on voit les quelques habitants, réunis dimanche matin un peu avant 8h pour réciter le Chapelet sur la place principale, à genoux devant la statue de saint Benoît restée encore debout. On ne peut pas s’empêcher de penser que ce tremblement de terre est l’image visible des tremblements de terre spirituels et moraux que subit notre Europe occidentale, issue du christianisme et particulièrement des siècles de présence bénédictine. Les lois iniques s’acharnent contre elle. Et il ne reste que peu de Chrétiens qui prient pour écarter le cataclysme final. Mais tout est possible à Dieu.

Que peut-on faire ? Que peut-on prévoir ? Même Rome a ressenti les mouvements de la terre. Saint-Paul Hors les Murs a été momentanément fermé. Beaucoup de gens réfléchissent tout de même et viennent mettre leur conscience au clair dans les confessionnaux… On ne sait jamais, dans la nuit, ce qui peut arriver. Quand on a vécu de tels moments, même relativement loin de l’épicentre comme nous le sommes, tandis que tout s’ébranle autour de soi, que les lampes se balancent en saccades, que l’on ne peut s’appuyer sur rien, on médite sans détours sur la précarité de cette vie. Nous ne sommes pas faits pour cette terre, qui pourtant nous nourrit, nous charme souvent de ses paysages. Nous sommes faits pour le bonheur sans fin, éternellement stable et d’une intensité sans mélange.

Notre Mère et toutes les Sœurs se joignent à moi pour vous saluer

Sr Marie

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