Pour la deuxième année consécutive, je rejoins avec une autre petite sœur de ma communauté ce groupe fondé en 2011 par Jean-Marc et Alexandre, deux animateurs du Secours Catholique d’Avignon et de Marseille.
La voix de mon interlocutrice se veut rassurante, alors que je confie le groupe des Marcheurs de l’Espérance à sa puissante prière. Pour la deuxième année consécutive, je rejoins avec une autre petite sœur de ma communauté ce groupe fondé en 2011 par Jean-Marc et Alexandre, deux animateurs du Secours Catholique d’Avignon et de Marseille, et constitué de bénévoles et de personnes de la rue ou ayant vécu à la rue, pour dix jours de marche sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. « Soyez sans crainte », me dit-elle la veille du départ en raccrochant le combiné, « vous serez accompagnés d’une myriade d’anges et votre route sera paisible. Faites confiance ! » Parole prophétique ? Certes, car c’est la première fois que je lui parle des Marcheurs ! Parole qui va, à elle seule, colorer, pour moi, tout le chemin parcouru, cette année.
Navarrenx, Aroue, Ostabat, Saint-Jean-Pied-de-Port… Au fil des kilomètres, les montagnes se sont aplanies, comme s’est dissipée la brume matinale lors de la montée vers le col de Roncevaux, pour laisser entrevoir l’éclat de la lumière printanière. Déposés dès le départ sur la place du village de Navarrenx, les fardeaux trop lourds à porter seront, d’étape en étape, consumés dans le feu de la Miséricorde. C’est, en effet, un immense cadeau, accordé par saint Joseph de Cotignac, que de pouvoir bénéficier presque au dernier moment de la présence d’un prêtre parmi nous ! « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10, 8).
Au fond d’une vallée, cachées dans un écrin de verdure, coulent des sources d’eaux vives, torrents de grâce qui déferlent sur Cathy, Elisabeth, Kim, Marie, Brigitte, Mireille, Claire, Anne-Catherine, Alain, Éric, Stéphane, Cédric, Jean-Pierre, Ludovic, Bernard, Alexandre et Jean-Marc, tout un petit peuple en marche vers la sépulture de l’Apôtre Jacques, point d’orgue du pèlerinage à Compostelle. « Que mes pauvres s’éprennent de ma Providence et ils seront restaurés à mon image et ressemblance » (Catherine de Sienne).
Pas-à-pas, les langues se délient et entonnent de gais refrains. Au détour d’une rue, une ravissante église romane tend les bras à la farandole des Marcheurs dont la prière fervente et joyeuse ne laisse pas d’étonner pèlerins et passants. Tu fais route avec nous, Seigneur, Jésus, toi, qui nous as créés pour te louer et « conduire nos pas au chemin de la paix » (Luc 1, 79). Oui, nous avons mis notre confiance en ta lumière qui dissipe toutes ténèbres intérieures.
El camino francès ! Zubiri, Pampelune, Puente-La-Reina et Estella, dernière étape, pour nous, cette année. Les paysages sont de plus en plus grandioses et sauvages. La fatigue, quant à elle, se fait plus prégnante. Dans la sueur et dans la fange, quelle allégresse et quelle joie ! Dans le silence et dans la nuit, la consolation et le repos ! Les liens de l’amitié s’approfondissent. Le pardon circule entre nous démesurément. La disponibilité et l’hospitalité des habitants des régions traversées nous édifient… Le petit troupeau, chéri du Seigneur, se fortifie pour demeurer avec lui et porter beaucoup de fruit, en accueillant d’autres brebis blessées par la vie, dès la rentrée prochaine.
Sur la route du retour, nous faisons une courte halte au sanctuaire de Lourdes où la Vierge Marie, Mère de l’Espérance, nous attend, nous indiquant le chemin de la communion fraternelle et divine auquel l’humanité tout entière aspire sans en avoir hélas toujours conscience !
petite sœur Anne-Catherine, o. p.