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La naissance de Jésus a-t-elle vraiment eu lieu le 25 décembre?
La naissance de Jésus a-t-elle vraiment eu lieu le 25 décembre?
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| Marie-Christiane.Aubert 1056 mots

La naissance de Jésus a-t-elle vraiment eu lieu le 25 décembre?

Le Docteur de l’Eglise, saint Jean Chrysostome, dans son Homélie de Noël, en 386, nous apprend que l’Eglise de Rome a toujours célébré la Nativité du Seigneur le 25 décembre, « depuis l’origine ».

"Depuis l'Origine"

«  L’origine » est l’arrivée de saint Pierre à Rome qui était très bien placé pour connaître la date de naissance de son Maître, comme nous connaissons tous la date de naissance de notre meilleur ami. Jean Chrysostome prend même soin de justifier cette tradition, en faisant observer que l’Eglise avait eu tous les moyens de connaître le véritable jour de la naissance du Sauveur, puisque les Actes du recensement, exécuté sur l’ordre de l’empereur Auguste, se conservaient dans les archives publiques de Rome.

En Orient, pour des raisons de vocabulaire, certaines églises particulières avaient célébré Noël au 6 janvier, en la confondant sous le nom générique d’Epiphanie ou manifestation du Sauveur aux Mages. D’autres églises, comme Antioche ou Alexandrie, la célébraient au 25 du mois de Pachon (15 mai) ou au 25 du mois de Pharmuth (20 avril). Mais le jour du 25 prévalait partout. C’est un décret de Rome qui distingua les deux fêtes de Noël et de l’Epiphanie au IVè siècle, en Occident comme en Orient, et réaffirma la date du 25 décembre, pour la célébration de Noël. Seule l’église d’Arménie garda l’usage de célébrer Noël et l’Epiphanie le même jour, au 6 janvier.

L’Evangile de saint Luc

Saint Jean Chrysostome propose un second argument qui n’est autre que l’Evangile lui-même. Saint Luc, en effet, parle de la vision qu’eut le prêtre Zacharie, le 24 septembre, au moment du sacrifice de l’encens dans le Temple (Luc 1, 5-25). Avec ce rite, commençait le Grand Jeûne du Kippour qui s’observe encore de nos jours parmi les Juifs pieux. Le 1er du mois de Tishrî (14 septembre) correspond au nouvel an hébraïque. Dix jours plus tard, le 10 du mois de Tishrî (24 septembre) commence le grand Jeûne appelé Yom Kippour. Au temps où existait encore le Temple de Jérusalem, ce jour-là, un prêtre tiré au sort entrait dans le Saint des saints pour offrir le sacrifice de l’encens, au-delà du Voile. Là, il prononçait le Nom de Yahvé qui n’était jamais prononcé en dehors de cette unique circonstance. Cette année-là, comme le raconte l’Evangile de saint Luc, le sort tomba sur Zacharie, père de Jean-Baptiste. Tandis qu’il célébrait ce sacrifice, l’archange Gabriel lui apparut et lui annonça qu’Elisabeth sa femme, qui était stérile, concevrait un fils dans sa vieillesse. Zacharie mit en doute la parole de l’Ange et il en fut puni par un mutisme jusqu’à la circoncision de son fils.

Au sixième mois

Saint Luc continue son récit et parle de ce sixième mois de la grossesse d’Elisabeth (Luc 1,26). Six mois plus tard, en effet, le même archange Gabriel entra chez la Vierge Marie et lui annonça qu’elle serait la Mère du Sauveur. Six mois après le 24 septembre, nous sommes au 24-25 mars. C’est bien le jour de l’Annonciation. Et neuf mois après l’Annonciation, nous arrivons au 24-25 décembre, nuit de la naissance de Jésus.

Les 70 semaines d’années

Près de 500 ans avant la naissance de Jésus-Christ, Daniel, un prophète hébreu, exilé tout jeune à Babylone, prédit quatre grandes monarchies qui devaient se succéder sans interruption, la suivante devant détruire la précédente : les Mèdes, les Perses, les Grecs et les Romains. Daniel prédit que le temps de la venue et de la mort du Messie serait de 70 semaines d’années (70 X 7 = 490 ans) cf. Dan. 9,24. Le Christ mourut et ressuscita en effet au milieu de la 70ème semaine d’années après le temps où Daniel avait écrit sa prophétie.

L’empereur Auguste

Quand naquit le Sauveur, l’empire romain, (la 4ème monarchie prédite par Daniel) était au plus haut degré de sa puissance, grâce à l’empereur Auguste, qui régna de 27 av. C. à 14 ap. C. « L’univers était en paix », dit la Liturgie de la vigile de Noël. Quand la guerre était suivie d’une paix générale, on avait la coutume de fermer les portes du temple de Janus à Rome. Mais cela n’arriva que deux fois : sous le règne de Numa (715-672 avant J.C) et après la première guerre punique (218-201 avant J.C.). Tandis qu’au temps d’Auguste, le temple de Janus fut fermé trois fois : 1) après la victoire d’Actium contre Antoine et Cléopâtre, en 31 avant J.C., alors qu’Auguste n’était pas encore empereur ; 2) après la guerre contre les Cantabres qui dura de 25 à 19 avant J.C. ; 3) l’année même de la naissance du Christ. À la suite de cette triple fermeture, Auguste passa pour être l’empereur de la paix, et désirant asseoir ce prestige qui le divinisait en quelque sorte, il décida de faire construire l’Ara pacis (=l’autel de la paix, qui se dresse encore à Rome), l’année 2 après le Christ. Cela faisait de lui le « gardien de la paix », qui fut appelée Pax augusta. On célébra dès lors la fête de la paix par des manifestations spéciales le 25 décembre. Ce jour-là, en effet, le jour, qui avait diminué au profit de la nuit, recommence à devenir plus long. Depuis longtemps, dans toute l’Antiquité, on célébrait une fête dédiée au Soleil invaincu, Sol invictus. Et Auguste choisit pour cette raison d’associer la Pax augusta au Sol invictus.

Le calcul des années « avant et après le Christ »

Un moine d’origine scythe (la Scythie est l’ancien nom des steppes au nord de la Mer Noire) vécut à Rome de 500 à 545 où il s’était lié d’amitié avec le philosophe Cassiodore. Il s’appelait Denys le petit, qualificatif qu’il s’était donné non en raison de sa taille mais par humilité. Il était non seulement théologien mais aussi astronome, mathématicien et canoniste des lois de l’Eglise. En constituant les tableaux pour définir chaque année la date de Pâques, il calcula les années qui séparaient son temps de la naissance du Christ. C’est la datation selon l’ère chrétienne. Dans ses calculs, il crut fixer la naissance de Jésus au 25 décembre de l’année 0, soit 753 ans après la fondation de Rome. Il fit en réalité une erreur tout au plus de quatre ans. On lui pardonne ! Jésus-Christ est donc né dans la nuit du 24 au 25 décembre de l’année 3 ou 4… avant l’année 0. Depuis lors, les années se comptent selon les calculs du moine Denys, et peu à peu, le monde entier a adopté cette manière de compter les années.

Sources : Dom GUÉRANGER, L’Année liturgique DELACROIX FOZIO, Enciclopedia europea

Soeur Marie de l'Annonciation

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