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Liturgie

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La messe : sacrifice eucharistique

Ces dernières décennies, on a beaucoup insisté sur la Messe comme banquet sacré mais, comme le dit le document du Concile Vatican II sur la Liturgie, la première définition de la Messe est : Sacrifice eucharistique.

Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et en outre pour confier à l’Eglise, son Epouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est mangé, l’âme est comblée de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné. Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium, ch.2 n°47.

 

  1. La Messe.

Si la liturgie est l’action humaine la plus élevée, la Messe est l’acte le plus achevé. Les Chrétiens sont invités à y participer le plus souvent possible et les Prêtres se doivent de célébrer assidûment cet acte central de leur sacerdoce. La Messe est la prière parfaite, la prière que Jésus-Christ fait à son Père, au nom de tous les hommes.

La Messe comporte quatre parties : dans la première, les Chrétiens demandent d’abord à être purifiés de leurs fautes et sont ensuite enseignés par la Parole de Dieu. Dans la deuxième, ils s’unissent au Saint Sacrifice de Jésus-Christ, dans la troisième, ils communient au Corps et Sang du Seigneur rendu présent sur l’autel. Il n’y a pas plus étroite union entre l’homme et Dieu que dans la communion. Il n’est donc pas superflu, pour entrer dans ce mystère d’une telle grandeur, d’avoir une conscience certaine de notre indignité, de nos péchés et du besoin qu’est le nôtre d’être pardonnés de nos fautes. Dans la dernière partie, les Chrétiens sont envoyés auprès de leurs frères pour leur annoncer le Salut, et c’est ce qui a donné le nom de Messe, c’est-à-dire envoi. Le Saint Sacrifice est donc la partie centrale où a lieu le sacrement proprement dit de l’Eucharistie, mot qui signifie excellence de la grâce.

 

  1. L’institution de l’Eucharistie.

L’Eucharistie est un sacrement. Comme tous les sacrements, signes et instruments de la grâce divine en l’homme, c’est Jésus Lui-même qui l’a institué. Il l’a fait « la nuit même où il fut livré ». Mais c’est le plus grand des sacrements parce que dans l’Eucharistie, le Seigneur offre sa Personne même, le Verbe fait homme, Dieu et Homme : Corps, Sang, Âme et Divinité. Dans l’Eucharistie, Il demeure réellement de façon permanente, sous l’apparence du pain et du vin.

 

  1. Le Sacrifice.

Déjà dans l’Ancien Testament, sur la Montagne sacrée, Dieu avait montré à Moïse comment accomplir les actes du culte au vrai Dieu. Parmi ces actes, les offrandes et les sacrifices tenaient une place importante. Les offrandes de blé, de farine, de pains, de galettes, de fleurs, étaient des actes de louange à Dieu et des demandes pour recevoir de Lui ses bénédictions. Les sacrifices étaient une réparation des péchés. Le sacrifice s’accomplit dans le versement du sang jusqu’à la mort de la victime. Toutes ces victimes n’étaient qu’une figure de la seule victime qui pouvait réparer « une fois pour toutes », comme dit l’Epître aux Hébreux, les péchés des hommes, tous les péchés, depuis celui de nos premiers parents jusqu’à ceux du dernier homme qui naîtra sur cette terre. L’Agneau pascal fut la figure la plus expressive de l’Eucharistie : agneau sans tache, immolé, dont le sang étendu sur les portes des Hébreux les sauva de l’Ange exterminateur.

C’est au soir du Jeudi saint, au moment où les agneaux étaient immolés dans le Temple de Jérusalem, que Jésus-Christ offrit le pain qu’il changea en son Corps et le vin qu’Il changea en son Sang. Il voulait ainsi montrer qu’il ne s’agissait plus du sacrifice de l’agneau, selon l’Ancienne Alliance, mais qu’Il inaugurait la Nouvelle et Éternelle Alliance. Ce n’était pas un langage figuré, mais une action qui rendait réellement présent son Corps et en séparait son Sang. À la Cène, Jésus-Christ sépara son corps et son sang. Pendant sa Passion, tout son sang a coulé et s’est répandu en dehors de son corps, sa mort a été bien certaine. Le Christ, à la Cène, en séparant son Corps et son Sang signifiait son sacrifice jusqu’à la mort.

 

      4. Victime et prêtre.

Jésus-Christ, Dieu et Homme, a institué la Messe. Il est le Prêtre qui offre et Il est la Victime qui est offerte. Le Sacrifice jusqu’à la mort de cette Victime, parfaitement innocente et parfaitement digne, réparait les péchés des hommes.

Il était essentiel, pour cette œuvre de rédemption telle que Dieu l’avait résolue, que le Fils de Dieu incarné se présente devant son Père avec la qualité de Prêtre pouvant offrir à Dieu une victime capable d’opérer, avec la perfection que Dieu voulait, la réconciliation nécessaire. Aucune autre victime, en dehors de l’humanité prise par le Christ, ne pouvait répondre à cette fin. Et voilà pourquoi le Christ reçut la qualité de médiateur entre Lui et les hommes, lui permettant de s’immoler Lui-même, en acceptant par amour la vie de sacrifice qui devait se terminer à la mort sur la Croix. R.P.Thomas PÈGUESInitiation thomiste, Toulouse 1925, p.264.

 

  1. « Faites ceci ! » : Le Sacrifice rendu présent.

Il était encore vivant quand, le Jeudi saint au soir, Il institua l’Eucharistie. Ses gestes et ses paroles produisaient réellement par anticipation ce qu’ils signifiaient : Il séparait le sang de son corps, séparation qui allait se faire le lendemain, Vendredi saint, sur la Croix.

« Faites ceci en mémoire de moi ». C’est un ordre ! Le Seigneur n’a pas demandé à ses Apôtres de commémorer sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection, avec un peu de pain et un peu de vin. Il leur a ordonné de Le rendre présent, Lui, le Christ, Corps, Sang, Ame et Divinité.

Ce serait ridicule que le Christ, avant de mourir, en promettant le Royaume de Dieu, laisse comme ultime recommandation de prendre un petit repas et de se souvenir de Lui comme pour boire à sa santé…Est-il possible qu’Il ait donné du pain seulement, qu’il ait laissé l’humanité entière dans l’illusion, et qu’il ait fallu la venue de Luther pour corriger les Apôtres, les grands saints, les Pères de l’Eglise et tous les Conciles ? P. THÉODOSSIOS-MARIE DE LA CROIX, Reste avec nous Seigneur, Ad Solem 2004, p.106.

Il leur a ordonné de « faire », de célébrer l’Alliance nouvelle et éternelle, avec ses mots et ses gestes à Lui, comme Il l’avait « fait » en instituant l’Eucharistie. Ce que Jésus avait « fait » dans la salle haute du Cénacle, décorée avec soin par ses disciples, avant sa Passion, était à l’avance son Sacrifice. De même, ce que « feront » les Apôtres, devenus prêtres, agissant in persona Christi (ce qui veut dire en tant que personne du Christ), et ce que « feront » les prêtres après eux, jusqu’à ce jour et jusqu’à la fin du monde, rend présent ce même Sacrifice qui a eu lieu dans le passé et à Jérusalem. C’est le même et unique sacrifice.

Le Christ est présent là où précédemment se trouvaient le pain et le vin, et sur la parole qui prononce la séparation du pain et du vin, l’immolation du Calvaire est rendue présente chaque fois que le rite s’accomplit. Une Messe n’ajoute rien ni n’enlève rien du Sacrifice de Jésus-Christ, elle le perpétue. R.P.SINEUX, o.p.Initiation à la Théologie de saint Thomas, Téqui 1975, p.666.

Depuis la Cène, chaque fidèle, tout au long de l’histoire, et jusqu’à notre XXIe siècle, en assistant à la Messe, assiste à l’unique Passion, mort et résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ !

 

  1. Le Sacrifice propitiatoire de portée universelle.

Le Chrétien assiste à ce Sacrifice unique, non seulement pour lui mais pour le monde entier.

Le sacrifice que contient le Sacrement est propitiatoire. Il vaut aussi pour les non-croyants. Notre foi, notre action s’étend à tout l’univers, elle aide l’univers à devenir meilleur. Saint Paul dit en effet que « la création tout entière gémit dans l’attente de la rédemption » (Rm.8,22). Ne croyez pas que le Sacrifice de l’autel ne concerne que moi qui l’offre et toi qui reçois la Communion. À chaque Messe s’accomplit un acte sacrificiel qui a une valeur universelle, pour tout le monde. Ce centre salvifique est le sacrifice du Corps et du Sang du Christ. Quand vous entendez à l’autel : « Ceci est mon Corps », c’est l’Incarnation ; et quand vous entendez : « Ceci est mon Sang », c’est la séparation, le Sacrifice et la Passion. Et quand ensuite ils sont réunis dans le calice avant la Communion, c’est la Résurrection. Nous devons nous unir fondamentalement à ce sacrifice (…). J’accepte d’être avec Toi, Seigneur, jusqu’à la fin, avec ton amour, ta patience, ta délicatesse, ta bienveillance et ta compassion.

Alors nous n’appartiendrons pas à l’histoire ordinaire. Nous serons à Rome, à Berlin, à Paris, en Afrique ou en Argentine… nous serons de ceux qui travaillent dans l’histoire pour le changement du destin de l’homme et pour le salut.P. THÉODOSSIOS-MARIE DE LA CROIX, Reste avec nous Seigneur, Ad Solem 2004, pp.57-58.

 

  1. La liturgie.

Ce qu’on appelle communément la Messe est l’action liturgique par excellence. Liturgie signifie fonction. De même que toutes les étoiles, les planètes, les galaxies « fonctionnent » chacune à leur mode, à leur rythme, dans l’univers, de même les actions liturgiques doivent avoir leur fonction bien déterminée. La liturgie ne s’invente pas, ce n’est pas une improvisation, une représentation artistique où l’on peut exercer une fantaisie plus ou moins attractive. Elle a été confiée à l’Eglise par Jésus-Christ Lui-même, selon des paroles et des gestes précis qui rendent réel ce qu’ils signifient : le Sacrifice de Jésus-Christ. Participer à un si grand mystère fait naître en nous l’adoration.

S’agenouiller devant le Seigneur, c’est cela l’adoration. Il est présent dans l’Eucharistie… Quand le Seigneur se donne à nous, nous ne pouvons Le recevoir qu’en ployant les genoux devant Lui, qu’en Le glorifiant, qu’en L’adorant. Il ne s’agit nullement d’une atteinte à notre dignité, à la liberté ou à la grandeur de l’homme. Notre liberté, en s’agenouillant devant Lui, loin d’être lésée, est au contraire pleinement assumée et définitive. Celui que nous adorons s’est Lui même agenouillé devant nous pour nous laver les pieds. Joseph Ratzinger Teologia della Liturgia, Ed. Vaticana 2010, pp.558-559.

Soeur Marie de l'Annonciation

 

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