Le scoutisme fête ses 110 ans cette année, l'occasion de se pencher sur l'un de ses pères les plus importants, Jacques Sevin, prêtre jésuite français.
Le 29 juillet 1907 est un jour particulier, puisque le scoutisme voit le jour. Mouvement de jeunesse mondial reposant sur l’apprentissage de valeurs comme le respect, l’entraide et la solidarité, le scoutisme (de l’anglais« scout », éclaireur), compte aujourd’hui près de 28 millions de membres dans le monde. Ses origines sont cependant mal connues. Si la paternité revient à Lord Robert Baden-Powell, général britannique alors à la retraite, le rôle du père Jacques Sevin dans l’importation du scoutisme en France et surtout dans sa christianisation est parfois oublié. Pourtant, Baden-Powell lui-même a reconnu que « la meilleure réalisation de ma pensée est ce qu’a fait un religieux français ».
Né à Lille le 7 décembre 1882, le futur prêtre jésuite comprend rapidement qu’il veut dédier sa vie à Dieu. « En 1895, le 30 juin, au cours d’une promenade de collège, je pris conscience de ma future vocation sacerdotale, que je n’envisageais pas autrement que religieuse », explique-t-il plus tard. Il ne déviera jamais de cette trajectoire. Le 3 septembre 1900, il entre au noviciat de Saint-Acheul. Deux ans plus tard, il prononce ses vœux perpétuels de jésuite. Quand le scoutisme se développe de l’autre côté de la Manche, le prêtre décide de voir « ce qu’il en est ». Il rencontre Baden-Powell en 1913 et décide d’importer le principe en France. En 1917, il entame la rédaction de Le Scoutisme : étude documentaire et applications, livre fondateur qu’il achève en 1919, et crée la première troupe catholique à Mouscron, en Belgique où il est exilé depuis le début de la Première Guerre mondiale.
C’est ainsi que, comme a pu l’expliquer Jean Paul II dans une lettre en 1998, « Sevin a permis d’élaborer une pédagogie basée sur les valeurs évangéliques, où chaque jeune est conduit à s’épanouir et à développer sa personnalité en faisant fructifier les talents qu’il porte en lui ». Le 12 mai 2012, soit près de 61 ans après sa mort, le pape Benoît XVI a approuvé le décret de la Congrégation pour la cause des saints reconnaissant l’ « héroïcité des vertus » du jésuite. Dix citations pour mieux cerner sa pensée :
« Que la prière soit surtout vivante, adaptée, en rupture ouverte avec ces formules incompréhensibles aux enfants, qui trop souvent encombrent les paroissiens ; ayez vos prières à vous, grâce auxquelles ils comprendront qu’ils n’ont pas deux vies, une vie chrétienne qu’on revêt le dimanche matin et une vie scoute qui les pétrit le reste du temps, mais que ces deux vies n’en font qu’une… »
Le Scoutisme : étude documentaire et applications, 1930
« La formation du caractère par le scoutisme est excellente, mais quand elle se renforce de la pratique de la mer, je ne crois pas qu’il n’y ait rien qui puisse lui être comparé, à condition que marin reste toujours l’adjectif et scout le nom. »
Le Scoutisme, 1930
« Les enfants que nous revendiquons comme plus spécialement nôtres, ce sont ceux dont les œuvres existantes ne veulent pas ou ne veulent plus. »
Le Scoutisme, 1930
« Plutôt s’user que de moisir, car on n’est pas scout pour soi tout seul, mais pour les autres. »
Le Scoutisme, 1930
« Ton prochain, ce n’est pas seulement les scouts, ni tes concitoyens, ni les hommes qui parlent la même langue que toi et qui sont nés du même côté de la rivière. C’est tous les hommes. »
Le Scoutisme, 1930
« Ayons horreur des mots, passons aux actes. »
Le Scoutisme, 1930
« Ce dont un scoutisme missionnaire ne peut se passer, ce qui seul rend son action féconde, c’est son capital surnaturel, la profondeur de sa foi, la richesse de sa charité, en d’autres termes, la splendeur de sa sainteté. »
Pour devenir scout de France Tome I, 1931
« Des scouts qui soient des saints ; Il ne faudrait avoir peur ni du mot, ni de la chose ; La sainteté n’est d’aucun temps ni d’aucun uniforme particulier, et elle ne se confond pas avec la canonisation. »
Éditorial, Janvier 1931
« L’ordre scout, c’est encore la fraternité universelle, car devant le Christ il n’y a ni riche ni pauvre, ni ouvrier ni bourgeois, et nous sommes tous du même “milieu” ; et il n’y a pas non plus de Juif ou de Gentil, et les jeunes Tasmaniens comme les Lettons sont mes frères à moi, et je les aime assez pour vouloir les comprendre et travailler avec eux, si c’est possible, à supprimer la guerre. »
Éditorial, Janvier 1931
« Soyez toutes des saintes, il n’y a que cela qui compte. »
Message à des religieuses, Boran-sur-Oise, 19 juillet 1951
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