La joie jaillit de l'Espérance
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Humble
Humble

| Jean Casanave 552 mots

Humble

Le mot « humilité » a été employé à plusieurs reprises ces temps-ci. « Je servirai dans l’humilité » ont déclaré en substance, le Président de la République et le Premier Ministre. Et même « avec amour » avait ajouté le premier élu de la Nation !

Il y a les mots, il y a les images. Cette humilité proclamée s’est assez vite affichée dans les galeries de Versailles  et faufilée sous les ors de La République. Le Chef de l’État savait bien qu’aux yeux de beaucoup de ses concitoyens, sa fonction de devait pas se départir d’une certaine solennité et d’un prestigieux décorum. Imagine-t-on, un Président, le soir de son élection déambuler dans les rues de la Capitale  sur le dos d’un ânon ? Les plus fervents partisans de la proximité avec le peuple crieraient, aussitôt, au ridicule ou au populisme déplacé. Jésus de Nazareth, Lui, n’hésite pas à enfourcher le canasson du pauvre alors que l’animal noble, la bête de combat, attelé aux chars de guerre était le cheval. Il réalisait, en fait, le rêve du prophète Zacharie qui espérait l’avènement d’un prince de paix capable d’ouvrir les portes du Royaume de Dieu.

N’en déplaise aux nouveaux représentants de la Nation, cette annonce officielle de l’humilité placée au faîte du pouvoir n’a pas changé pour autant les habitudes du « vieux monde politique » qu’ils voudraient nous faire oublier. Leurs collègues issus des anciennes formations, rescapés du déluge électoral et de nouveau échoués sur les travées du Palais Bourbon, on vite repris leurs fâcheuses manières. N’a-t-on pas remarqué, pendant le discours du Premier Ministre, ces députés consultant leurs messages ou tripotant leurs téléphones pendant que d’autres bavardaient ostensiblement, gesticulaient à la moindre contrariété ou, pire, vociféraient leur mécontentement.

Comment demander à de jeunes élèves de respecter la parole de leur professeur ou de leur camarade, d’éteindre leur portable dans l’enceinte scolaire quand certains députés s’agitent comme des potaches énervés au moment où l’on envisage, entre autres, une réforme du système scolaire ? L’humble service de la Nation requiert d’abord le respect de l’autre et celui-ci exige un minimum de retenue sinon de tenue.Certes, nous ne demandons pas  aux responsables politiques de rejoindre l’Assemblée à dos d’âne et d’avancer vers le supplice et la mort infligés malgré les vivats de leurs supporters. Mais pour le moins qu’ils ne nous offrent pas le spectacle affligeant de ces bavards impénitents, allergiques à tout autre discours que le leur. 

L’humble service commence par le respect de l’autre, encore faut-il avoir des motivations sérieuses pour le faire. Si l’autre n’est qu’un autre moi-même parmi une multitude de clones, je n’ai aucune raison  de m’effacer pour le laisser passer ou de me taire pour l’écouter. Si je considère l’autre comme « à l’image et la ressemblance » de Dieu Lui-même, alors mon humble service prend tout son sens. Il s’agit d’aider un frère à répondre du mieux possible à cette vocation divine inscrite en lui-même. Comment y parvenir si ce n’est en lui montrant qu’il vaut plus que ce qu’il croit être ou ce qu’il paraît ? Ces remarques sans prétention à l’adresse de certains hommes politiques voudraient procéder de ce simple désir de les croire plus grands que leur apparence. Quant aux nouveaux venus dans l’hémicycle, ils devraient s’en souvenir avant que les vieux démons ne viennent leur souffler que l’impolitesse et la vulgarité sont le gage de la popularité.Chez moi le petit âne s’appelait le « ministre », le serviteur. Vous voyez bien qu’il y avait un lien entre l’âne de Zacharie et les gouvernants de tout poil !!

Abbé Jean Casanave

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