Il m'a été demandé il y a quelque temps déjà par un Padre que je porte en sincère estime pour son courage et sa Foi, de tâcher d'expliquer ce que peut représenter Saint Michel, Saint Patron de cette arme d'élite qu'est le corps des Parachutistes
Tâche bien ardue car ô combien est difficile d'exprimer et de retranscrire par des mots ce que l'on ressent... mais c'est ce que je vais essayer de faire maintenant, par un texte certes un peu long mais qui, je l'espère, vous intéressera et vous apportera quelques réponses...
SAINT MICHEL – Saint Patron des Parachutistes
Michel (de l'hébreu Mîkhâ'êl signifiant « Qui est comme Dieu ? ») est un des trois archanges (avec Raphaël et Gabriel) dans les traditions du judaïsme, du christianisme et de l'islam. Il est fêté principalement les 29 septembre et 8 novembre, mais aussi le 8 mai, 6 septembre, 16 octobre et le troisième dimanche de Pâques (c'est-à-dire le deuxième dimanche après Pâques). Chef de la milice céleste, il est principalement représenté avec des attributs guerriers, en chevalier ailé qui terrasse le Diable (allégorie de la victoire de la foi chrétienne sur le mal). Il est également représenté avec la balance du jugement dernier, juge (psychostasie) et guide (psychopompe) du salut des âmes pour l'Enfer ou le Paradis Après la chute de Lucifer qu'il parvient à terrasser, il devient le prince de tous les bons anges, le chef des forces du ciel, des armées célestes, le Champion du Bien.
GRAND ARCHANGE DE DIEU
il est considéré par l'Eglise Catholique comme étant le plus puissant et le plus beau de tous les Anges du Ciel Il est le premier Ange ailé qui descendit du ciel et combattit Lucifer lors de la rébellion des anges déchus. Il le précipita hors du Ciel par ce même cri de Victoire, qui devint Son Nom. C'est Saint Michel qui dans l'Ancien Testament, conduisit la famille de Noé, puis retint le bras d'Abraham, alors qu'il s'apprêtait à immoler son fils. Il est aussi l'Ange de l'Apocalypse, où Il apparaît à plusieurs reprises. Saint Michel est aussi l'Ange du Martyr, il a été considéré comme étant l'Ange qui réconforta Jésus, lors de Son Agonie, et qui recueillit le Sang Précieux du Côté du Christ en Croix, pour le porter en offrande au PERE CELESTE, en rémission des péchés des hommes. Saint Michel Archange est connu pour être le CHEF DES HIERARCHIES ANGELIQUES, le Grand Défenseur de DIEU, de L'EGLISE de JESUS CHRIST et de Son peuple chrétien. Il est l'Ange Protecteur de la Sainte Croix, des Evangiles et Grand Gardien de l'EUCHARISTIE. Saint Michel est sans conteste, l'Ange de Dieu le plus actif auprès de l'humanité, sur laquelle l'on dit qu'Il fut le premier Ange à se pencher et dont l'Eglise n'hésite pas à confesser Ses innombrables bienfaits.
Ange protecteur de la France
Il est aussi considéré comme l'Ange Tutélaire de la France, pays qu'il a définitivement conquis par la construction de l'Abbaye du Mont Saint Michel, anciennement nommé « Mont Tombe ». Saint Michel est intervenu dans l'histoire de notre pays, à de multiples reprises, dont l'une des interventions les plus connues le fera guider Sainte Jeanne d'Arc dans sa mission de libération de la France des anglais. Mais l'Archange fut aussi impliqué dans plus d'un grand événement de notre histoire. Saint Michel est le SOUFFLE de la Justice de DIEU, c'est par LUI que s'accompliront les prophéties des derniers temps, dont la plus importante est l'Apocalypse de Saint Jean. C'est LUI, qui refoulera dans « l'étang de feu et de soufre, l'antéchrist, où sont la bête et le faux prophète » (Ap. 20.10)
Appartions de l'archange
Le Saint Archange est apparu à de nombreuses reprises Au Mont Tombe à Saint Aubert (France) Au Mont Gargan (Italie) A Licata au frère François (Sicile) A Rome (Château St Ange) Saint Michel apparaît également à Fatima aux petits bergers, Il leur apprendra la célèbre prière : "Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences dont Il est Lui-Même offensé. Par les mérites infinis du très saint Coeur de Jésus-Christ et du coeur immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs" "Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas et qui ne vous aiment pas" "Oh mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l'Enfer, et conduisez au ciel toutes les âmes, spécialement celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde."
Ange de l'Apocalypse
Enfin, dans de nombreux récits de saints et mystiques de l'Eglise Catholique, l'Archange se livre en visions. En cette fin des temps, Saint Michel est notre défenseur, notre « compagnon de service », comme Il le dit à Saint Jean dans l'Apocalypse. La Main Forte et sûre qui nous assiste et nous forme dans nos combats contre satan et ses légions d'anges déchus Après l'adorable nom de Jésus, "qui fait fléchir tout genou au ciel, sur la terre et dans les enfers" ; après le nom suave et béni de Marie, parfum de salut qui exhale la grâce divine, dit saint Ambroise, est-il nom plus digne de respect que celui du glorieux prince des célestes phalanges ? Michael ou Michel signifie : qui est semblable à Dieu ? quis ut Deus ? Michael est un nom de puissance et de victoire. Comme un roi anoblit sur le champ de bataille le général qui a vaillamment combattu pour sa cause, ainsi Dieu a voulu que le cri de guerre, le cri d'humilité et d'amour du valeureux archange contre Satan, devint son titre de noblesse. A ce nom de Michael, à cette parole foudroyante : Quis ut Deus ? l'orgueilleux Lucifer et sa troupe rebelle tombèrent, rapides comme l'éclair, dans l'abîme creusé par la vengeance divine. Michael ! qui est comme Dieu ? nom sublime, dit le Cardinal Desprez, qui renferme tout le culte que la créature doit à son Créateur, nom qui contient en substance les actes de Foi, d'Espérance, de Charité et de Contrition. "Ô nom mille et mille fois béni, s'écrie un pieux auteur, nom tout puissant sur le ciel, la terre et l'enfer, nom acclamé et loué par la très sainte Trinité dans les cieux, où il sera toujours le nom et le cri du triomphe, nom grand et salutaire pour la terre et surtout pour l'Eglise militante dont il est le rempart et le bouclier, nom formidable pour les démons qu'il met incontinent en déroute ; que j'aime à vous redire sans cesse et à vous célébrer toujours, car, selon l'expression des saints Pères, chaque fois que vous êtes prononcé, le ciel répète son cri de victoire, de reconnaissance et de sainte allégresse ; la terre tremble comme au jour où l'Archange y descend et le chrétien retrouve sa force et son espérance, malgré ses défaillances ; l'enfer de nouveau frémit de rage et d'impuissance et courbe son front découronné, pour cacher la honte de ses constantes défaites."
Le combat de la lumière contre les ténèbres
A l'exemple de saint Michel, combattons vaillamment les ennemis de Dieu. L'heure actuelle est une heure de crise et de formidable tempête. L'Eglise de Jésus-Christ est attaquée de toutes parts, et ses ennemis ne sentent même plus le besoin de dissimuler leurs coups. Mais ayons confiance ; saint Michel combat avec nous, et bientôt luira le jour où, le règne de Dieu s'affermissant, nous pourrons pousser, nous aussi, notre cri de fidélité et de victoire : Quis ut Deus ? Qui est comme Dieu ? A ceux qui foulent aux pieds l'autorité divine, qui ne veulent plus relever que de leur sot orgueil, qui répètent chaque jour, avec une effrayante énergie, leur cri de négation : Il n'y a point de Dieu ! disons hardiment : Il y a un Dieu, c'est le Dieu qui a créé les mondes, le Dieu qui commande à la vie et à la mort. Malheur à celui qui ne l'écoute pas ! Il s'ensevelit dans la nuit la plus obscure, il se traîne dans la honte, il se condamne à une mort irrémédiable, à la mort éternelle. N'ayons pas peur des clameurs impies ; manifestons fièrement notre foi ; aux échos de l'enfer, répondons par les échos du ciel : Quis ut Deus ? Notre vois finira par couvrir celle de l'impiété, par l'étouffer et l'anéantir ; elle retentira victorieuse sur la terre, comme jadis celle des bons anges dans le ciel. Michael ! Qui est semblable à Dieu ? Ce nom doit être la devise du chrétien. En traversant les ombres du temps et de l'espace, il n'a rien perdu de sa force et de sa vertu première. Toujours il renversera les projets des impies et confondra leurs complots diaboliques, comme il précipita Satan dans l'enfer ; il sera toujours un glaive de feu contre le blasphème, l'orgueil et la cupidité. Michael ! Qui est semblable à Dieu ? N'est-ce pas la suprême et victorieuse réponse à tous les sophismes, à toutes les calomnies et à toutes les haines de l'enfer ? Opposons donc cette puissante affirmation, comme une digue aux débordements de l'impiété et de l'apostasie. Mais n'oublions pas non plus de nous en faire à nous-mêmes une salutaire protestation dans les épreuves de notre for intérieur, un bouclier contre les traits du monde ou du démon. Il est impossible que, passant souvent dans l'âme, le nom de saint Michel n'y laisse pas quelques-unes de ces fortes empreintes qui fixent dans le bien, ou du moins quelques-uns de ces rayons vivifiants qui éclairent, réchauffent, encouragent et consolent toujours. Ô glorieux Archange, valeureux chef de l'armée céleste, soutenez-nous, fortifiez-nous dans les combats qu'il nous faut soutenir pour sauver notre honneur chrétien, notre âme et notre foi ; couvrez-nous de votre égide, prenez de nouveau le glaive en main, afin que Satan et ses satellites comprennent que par vous Dieu défend son Eglise, et qu'au milieu des épreuves, au plus fort de la lutte, nous répétions sans cesse avec foi et confiance votre cri vainqueur : Quis ut Deus ? Qui est semblable à Dieu ?
Suplique à Saint Michel
Jusqu'à l'an 1965 une prière à saint Michel, introduite par le pape Léon XIII en 1884, était prononcée après la messe basse :
« Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon. Que Dieu lui fasse sentir son empire, nous vous en supplions. Et vous, prince de la milice céleste, repoussez en enfer, par la force divine, Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes. Amen. ».
Saint Michel et la France
Geneviève Esquier dans « Ceux qui croyaient au Ciel » (Ed. de l’Escalade, p165 à 170), rappelle que plus de 500 communes françaises portent le nom du chef des Milices célestes. Elle rappelle que si Jésus Christ est le vrai roi de la France et que Marie depuis 1638 en est la reine, suite au vœu du roi Louis XIII, il est tout naturel que saint Michel soit le protecteur du pays. C’est ainsi qu’il se présente lui-même à sainte Jeanne d’Arc : "Je suis Michel, le protecteur de la France". Elle rappelle que c’est lui qui marche au devant du Peuple élu dans le désert, lui qui est chargé de protéger l’Église naissante, après l’ascension du Christ. Sa première intervention dans l’histoire de la France date du VIIIème siècle, quand en 708, il apparaît à saint Aubert et lui demande que lui soit dédiée une église sur le mont Tombe, devenu depuis le Mont-Saint-Michel, où tous les rois régnants sont venus en pèlerinage. Geneviève Esquier rappelle enfin que c’est en tant que pèlerin de Saint Michel que Charles Martel écrase les arabes à Poitiers ! Le roi Louis XI crée l’ordre de saint Michel ; tout le peuple de France se tourne vers lui et le prie quand les lois fondamentales du royaume désignent un huguenot sur le trône en la personne du futur Henri IV. Et ce dernier se convertit vraiment. La présence visible de l’archange, vue de tous les Parisiens, lors de la messe d’action de grâce demandée par ce roi à son entrée dans la capitale, est la preuve et de sa protection et de la sincérité de la conversion du monarque. André Favyn dans Le théâtre d’honneur et de chevalerie, (tome 1 page 612) rapporte la scène : « Là fut vu de toute l’assistance, étant en indicible nombre près de sa majesté, saint Michel, l’ange gardien de la France… qui, tout au long de la cérémonie, se tint à côté du Roy, et icelle finie, disparut aussitôt. […] dont le Roy l’ayant fixement contemplé tout au long de la messe fut pris en son cœur d’une telle réjouissance d’allégresse et d’espérance d’avoir raison de ses ennemis qu’il dit tout haut à toute l’assistance : Nos ennemis sont perdus puisque Dieu nous a envoyé ses anges à notre secours ».
Saint patron des paras
C’est aussi le Saint des Parachutistes. Dans l'armée, toutes les armes ont voulu se placer sous la protection d'un saint. Les parachutistes se sont mis sous l'aile protectrice de l'archange saint Michel. L’ange Michael est toujours le grand vainqueur du bien, lorsqu’il s’agit de livrer une bataille contre le mal. Il vient du ciel. La sainte Bible parle d’un grand silence qui se fit dans le ciel : cela rappel ce grand silence que les paras éprouvent lorsque, sautant, ils se trouvent dans les airs entre le bruit assourdissant des moteurs de l’avion et le fracas des batailles. Un guerrier venant du Ciel, qu'y a-t-il de mieux comme saint Patron pour les parachutistes ? Quelle est l'origine de ce choix ?. En 1944, les parachutistes de la fameuse brigade SAS étaient parachutés en Bretagne et recevaient pour mission de détruire les installations ennemies et d'encadrer les maquis bretons. La but à atteindre était difficile et pour mieux se confondre dans le contexte du milieu, les parachutistes devaient échanger leurs tenues militaires contre des vêtements civils moins voyants et plus discrets. Les paras choisirent donc la médaille de saint Michel comme signe de reconnaissance. A l'approche du débarquement, les parachutages alliés se multiplièrent et la médaille de saint Michel devint un signe de ralliement et se répandit de plus en plus. On lit dans le procès-verbal du 1er février 1945 que le 1er Régiment d'Infanterie du Loir-et-Cher se transforme en Corps Franc de l'Air, Valim de la Veissière, l'aumônier de cette unité, inscrivit que le patron des parachutistes serait l'archange saint Michel. Lors d'une cérémonie religieuse à Carnac le 1er mars 1945, ou baptêmes et confirmation d'adultes, les médailles rondes de saint Michel furent bénies par l'évêque de Vannes pour être distribuées aux parachutistes des Corps Franc de l'air de la Vaissière ce jour là. Le 18 décembre 1945, à l'issue d'une messe dite à l'occasion du départ pour l'Indochine du 3e Bataillon du 1er Régiment de Chasseur Parachutistes, le Père Jégo lançait ce qui serait désormais le fameux cri des paras: " Et par saint Michel, vivent les parachutistes ! " Tout au long de la campagne d'Indochine, les bataillons parachutistes faisaient célébrer des messes en l'honneur de Saint Michel pour leurs morts. Le 29 septembre 1949, une messe était célébrée en la cathédrale d'Hanoï déterminant la fête officielle de Saint Michel pour leurs morts devant une trés nombreuse assistance. A cette occasion une médaille en argent massif fut frappée sous la direction du Père Casta. Cette médaille religieuse, de forme rectangulaire, représentait Saint Michel avec les ailes déployées terrassant le démon et en arrière plan, trois parachutes ouverts. Pour la petite histoire, la fabrication de ces médailles put être payée grâce au butin pris sur l'ennemi lors de l’opération Léa à Bac Kan, menée par les parachutistes eux-mêmes. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Les parachutistes des 1er RCP, 3e BCCP, 1er REP et BAPN étaient présents. Le 29 septembre 1950, partout où il y avait des parachutistes, fut célébré notre Saint Patron: aux abords du Mont-Saint-Michel, au camp de l'ETAP, à Saint-Louis des Invalides avec les anciens paras, en Afrique à Philippeville, Dakar, Brazzaville, Madagascar, et en Indochine au milieu des trés dures combats de nos courageux paras. A l’issue d’une grande messe solennelle, les fanions du 5ème bataillon du 1er RCP auxquels était accrochée la médaille de saint Michel furent bénis à Bône. Puis à la popote, au cours d’un dîner, le cri de guerre s’éleva : « Et par saint Michel… vive les parachutistes ! ». dans les combats qui suivirent, presque tous portaient la médaille.
Prière des paras
Dorénavant, la saint Michel était rentrée dans les traditions parachutistes tout les ans à la même époque, le 29 septembre, les parachutistes invoquent saint Michel pour lui demander comme il est précisé dans la prière de l’Aspirant André ZIRNHELD agrégé de philosophie, engagé dans les paras de la France libre, tué au combat en Libye :
«Donnez-moi, mon Dieu, ce qui Vous reste / Donnez-moi ce que les autres ne veulent pas / Donnez-moi ce qu'on ne Vous demande jamais. / Je ne Vous demande pas le repos / Ni la tranquillité / Ni celle de l'âme, ni celle du corps. / Je ne Vous demande pas la richesse / Ni le succès, ni même la santé. [...] / Je veux l'insécurité et l'inquiétude. / Je veux la tourmente et la bagarre / Mais donnez-moi aussi le courage / Et la force et la Foi. / Et que Vous me les donniez, mon Dieu, définitivement. [...] »
La Saint Michel
La fête du Saint Patron fut ensuite célébrée très solennellement à partir de 1951, année où les paras sautèrent sur la grève du Mont Saint Michel. Fêtée depuis par tous les régiments parachutistes de l’armée de Terre, la Saint-Michel est l’occasion de se rassembler, toutes armes confondues, autour des valeurs et des traditions propres à la spécialité parachutiste. Chaque Saint Michel résonnant à chaque occasion de notre fameux cri de guerre « Et par Saint Michel…. Vive les paras ! » Pour la petite histoire Le chant de tradition des parachutistes est inspiré d'un cantique béarnais dédié à Notre-Dame du Bout du Pont et chanté, d'après la légende, par Jeanne d'ALBRET en accouchant du futur Henri IV. Les paroles sont adaptées de la version créée pour les scouts routiers par le père DONCOEUR et publiées pour la première fois dans le recueil de Chant de Roland en 1927.
1 Oh Michel, ange des paras , trempe nos cœurs de hardiesse, conduis nos pas joyeux pour le devoir tout près de Dieu. Guide-nous dans les durs sentiers et garde-nous de nos détresses, Oh Michel, ange des paras, trempe nos cœurs de hardiesse.
2 Oh Michel, ange chevalier, lave nos cœurs dans l'onde pure, fais-nous loyaux et droits et valeureux en tes tournois. Pour servir fais-nous être prêts et défends-nous de tout parjure, Oh Michel, ange chevalier, lave nos cœurs dans l'onde pure.
3 Oh Michel, ange des guerriers, arme nos cœurs de sainte audace, ta main vengera les cieux, arrache-nous aux camps peureux. Laisse-nous résolus et fiers, sangle nos chairs dans les cuirasses, Oh Michel, ange des guerriers, arme nos cœurs de sainte audace
Comment Saint Michel est-il devenu Patron des paras et pourquoi ?
En 1944 avant que le 1er régiment de chasseurs parachutiste du Colonel Bourgoin ne saute sur la Bretagne occupée, l’aumônier du régiment le Père Jego remit à chaque homme une petite médaille à l’effigie de Saint Michel, cet Archange combattant descendu du ciel pour tuer les dragons malfaisants venus des enfers. Après les durs combats au village de Saint Marcel les paras durent se cacher pendant un temps avant de pouvoir reprendre le combat, leur seul signe de ralliement était alors la médaille de Saint Michel. L’idée s’imposa définitivement aux unités parachutistes le 13 juin 1948 en la cathédrale d’Hanoï sous la présidence de monseigneur l’évêque vicaire apostolique d’Hanoï. Devant les hommes des régiments et bataillon parachutistes il termina son homélie par ces mots et par “Saint Michel vivent les parachutistes“ Depuis ce jour tous les parachutistes ont adopté Saint Michel pour patron. Père Jego (cf ci-dessus) « J’en fus témoin et même agent principal. Dès 1942, 43, 44, je donnais en effet des médailles de Saint Michel pour reconnaître des agents venant sur l’Ouest de la France nous aider à organiser la Résistance. Les bateaux et les avions ont souvent salué sa flèche au Mont Saint-Michel. Comme disait l’un de nous : « Tiens, celui qui a ordonné à Jeanne d’Arc de bouter l’ennemi hors de France saura bien nous aider ». Et justement, c’est de part et d’autre de l’archange en sentinelle au-dessus de notre patrie, que furent largués des milliers de paras en Normandie et en Bretagne pour déclencher la grande bataille de France. C’était la mettre sous ses auspices. C’est en Bretagne, à Saint Marcel près de Vaudray, le 6 juin, que je retrouvais quelques-uns de mes porteurs de médaille : Michel Legrand, mort capitaine à Saigon, qui aimait tant sauter, le 29 septembre sur la grève près du Mont ou sur les thuyas de « Vaspar », Mariene fusillé par les Allemands, après des tortures, à Plumelec, capitaine nouvellement promu. James, Bobby et combien d’autres ? En 1945, revenu de Bastogne et de Arnhem, les vieux S.A.S. étaient regroupés avec de Bollardière et partaient en Extrême-Orient. Ce faisant, les unités de tout genre et des FFI s’engageaient pour alimenter le terrain de Lognien, organisé par Conan, de 1944 à 1945. Parmi ces hommes, on avait beaucoup parlé de Saint Michel, Patron des Paras. Des centaines de médailles avaient été distribuées et même en février 45 le nom de l’Archange fut écrit, fut couché sur le procès-verbal de la constitution du Corps franc de l’Air « Valar de la Vaisière », et en mars, à Carnac, front de Lorient, devant une foule nombreuse, Monseigneur de Bellec bénit solennellement des milliers de toujours la même médaille ronde. Et voici le 8 mai. Au jour de la fête de Saint-Michel, la victoire est acquise, onze mois après les premiers largages de part et d’autre de sa flèche qui protégeait l’arrivée. Plus que jamais donc, il semblait le Patron, d’office. C’est en 46 que feu Fossey-François vit avec enthousiasme son bataillon consacré à Saint-Michel en la cathédrale de Beaume, à la Croisée des Chemins entre l’Occident et l’Orient. Ce fut magnifique... Magnifique avec 18 concours des autorités et de la foule, comme à Condres. Le nombre des paras, métros et colos, grossit alors très vite en Extrême-Orient. Les SAS deviennent la DBCCP, le 1er octobre 1947 et les métros DBMP. À ces armes nouvelles, il fallait ce Patron qui avait présidé la bataille que leurs aînés avaient menée si hardiment. Cela s’imposait de soi puisqu’en 43, 44, 45 on l’invoqua ainsi. Bermusson -et Casta marchèrent à fond et nous cherchâmes une médaille avec les projets de tous. Souvent avec le Lieutenant Secrétin, de Nantes, on en avait discuté ensemble. Le 1er décembre il me l’avait encore montrée et le soir même il était tué près de moi. Quand je fis sa toilette funèbre, je retrouvai sur un petit bristol ce que nous avions crayonné : le prototype de ce qui est notre médaille officielle des paras, presque rectangulaire, avec Saint Michel combattant Satan, sur un fond de plusieurs pépins qui descendent autour du Mont que l’on voit dans le lointain. Le Père Casta reprit ce prototype et confia à un Adjudant du Choc de le « sculpter » dans le plâtre. Le tout fut expédié à Paris chez Drago. A mon premier retour en France, en juillet 48 je trouvais les premiers exemplaires, j’en rapportai en Extrême- Orient des milliers. Il y en avait en or, en argent, en alliage, pour que tous puissent en avoir et en faire cadeau. La médaille était lancée. Dès lors, c’est aux quatre coins du monde que la Saint Michel se fête à partir même de la messe aux Invalides, avec les anciens des amicales. Il est bon encore de noter dans cette histoire l’édition du beau petit livre « Saint Michel, Patron des Parachutiste » que l’on doit au Père Casta. Deux évêques lui ont fait l’honneur d’une préface et Claudel, lui a mis en exergue : « Salut, guerrier plein de paix et confident de ce Père, puisqu’il n’y a pas moyen de se comprendre autrement qu’à coups de tonnerre ». On doit aussi au même aumônier l’image de Saint Michel, réplique de la médaille. Nous avons distribué par milliers tout cela et puis se fait jour tout ce que notre tradition nous a apporté comme cette fameuse prière de ZIRNHELD si bien dans la ligne du grand archange, le baroudeur, le bagarreur, celui qui dirige nos combats, nos combats intérieurs et extérieurs, les luttes de notre vie d’homme. Voilà comment a grandi ce patronage de Saint Michel chez nos Paras. Ce qui est certain, c’est qu’il nous fallait un Saint, qui soit adapté à notre genre de vie très spéciale, et dont le culte peut être mis en rapport avec la mission guerrière et aérienne particulière aux parachutistes et qui fut aussi de tradition bien française. Ce qui n’empêche en rien les Belges, les américains, les anglais, les Espagnols, les Portugais, les Italiens d’avoir choisi eux-mêmes Saint Michel comme Patron des Parachutistes. Il nous convient donc bien ce Patron. Oui, nous en avons des fondements sérieux dans l’Écriture Sainte, dans la liturgie, dans notre histoire. Il résulte bien qu’il serait difficile de trouver un Patron se rapprochant davantage de notre esprit para. Instinctivement attiré par la lumineuse figure de l’Archange Chevalier, casqué, cuirassé, étincelant du Mont Saint- Michel où 100 paras ont reconnu en lui le guerrier intraitable, le défenseur puissant, le serviteur fidèle, toujours disponible. Cet élément pur vers lequel tout être veut tendre malgré ses bassesses et ses misères, cette puissance qui se doit de régler les débordements de la force, en quelque sorte de sanctifier le combat, celui qui ayant défendu la seule cause du Très Haut : « Michel qui est comme Dieu » initiera bien le para le mieux qu’il soit à la découverte du sens de Dieu, dans la vie, dans les événements et dans l’Histoire. Ils ont senti en lui le meilleur interprète puisqu’il se tient devant la face de Dieu, capable de présenter au Seigneur leurs sentiments et leurs aspirations. Ces aspirations les plus profondes de leur vie formulées dans leur admirable prière et tellement vraies de leur Grand Ancien mort en Libye en août 1942. Les anges avec saint Michel à leur tête sont de purs esprits ce qui pourrait faire tiquer parfois nos vieux paras chevronnés. Leur mission est la gloire de Dieu à ces anges et aider l’homme pour réaliser cette même gloire, dans la terre des hommes. La matière n’enlève rien à cette gloire, au contraire, mais il faut la diriger, la discipliner pour bien la mettre dans sa fonction de créature de Dieu, Maître unique de la vie et de la mort. Il leur faudra donc nous aider à nous désencombrer comme des accessoires, des matérialités et d’en faire de bons serviteurs. Qu’ils nous apprennent à être des hommes libres, libres des passions, des servitudes, libres de ce voile que le corps met entre nous et le monde de Dieu, le monde des Esprits. L’Archange nous aidera donc dans cette lutte première et perpétuelle, vieille comme le monde, lutte contre la matière, le matérialisme, lutte contre cette tendance originelle à aller plutôt vers le mal que vers le bien, vers ce qui se boit et se mange, lutte contre l’égoïsme, l’égoïsme bestial ou l’égoïsme plus raffiné de l’idée. Le monde intellectuel de l’idée sans le maître de la pensée et le verbe. Oui, Saint Michel, apprenez-nous à être de bons soldats qui ne connaissent que leur Patron, leur Chef. Ainsi notre obéissance amoureuse fera dire que nous ne connaissons que lui, Dieu, le Chef à travers tous les autres, intermédiaires entre lui et nous. Chez les paras, il faut obéir, strictement, c’est capital. Quand on saute, il faut obéir à la sonnette, au largueur, à la voilure au vent. Partout ce sera la même discipline et puis au jour de la mort elle même, apprendre à sauter à pieds joints dans le monde de Dieu. En nous habituant à la mentalité de ce monde des esprits, à nous dépouiller, à nous dépasser dans un amour vrai des autres, à égalité avec soi-même. Oh ! Je sais bien que, jetant un coup d’oeil sur toute mon existence au milieu de ces hommes, sur tous ces bataillons et ces régiments, je me rends compte que les paras sont plutôt terre-à-terre, matérialisés pour le moins. Mais que de belles âmes, que d’élites on y trouve à tous les échelons et les efforts pour se spiritualiser sont plus réels qu’on ne pense. Chacun, chaque jour, comme il le sait, comme il l’entend, comme il le peut, avec ses élans et ses retombées, se spiritualise parfois acculé par celui qui se charge, souvent, de le forcer, Dieu, le maître des Anges et des hommes. Alors ça grince un peu, puis le paquet est mis et Dieu premier servi ». Père JEGO Il est vrai que la tâche du soldat chrétien est de ramener la paix et de protéger les citoyens. Chevalerie hier, para aujourd'hui, d'autres champs de bataille, d'autres armes mais un même esprit fait d'honneur, de loyauté, de courage et d'abnégation. Contrairement au pacifisme intégriste qui cache souvent de la lâcheté ou des conceptions politiques extrêmes, un esprit guerrier n'est certainement pas incompatible avec le christianisme, que du contraire. A un niveau individuel, le courage, l'honneur et la force sont des vertus qui viennent de Dieu et qui n'entrave nullement l'amour du prochain car le vrai soldat chrétien n'a pas de haine dans le cœur et combat pour une cause juste : Car c'est en considérant les dispositions du coeur, et non pas en jugeant du résultat de la guerre, qu'il faut estimer le danger couru par un chrétien ou la victoire qu'il remporte. Si la cause du combat est bonne alors l'issue ne saurait être mauvaise. Au contraire, la fin ne saurait être jugée bonne si la cause est mauvaise et si, l'intention au départ n'est pas droite... St Michel est fêtée depuis 70 ans et le but de l'Union Nationale Parachutiste est d'exalter l'amitié, les souvenirs , un soutien à l'engagement moral des parachutistes et faire connaître l'action de cette association. Elle continue dans les objectifs qui leur tiennent à cœur : maintenir les règles de solidarité, de camaraderie et d’estime réciproque et surtout, conserver et transmettre aux jeunes paras ce qu’ils ont apprit de plus précieux au combat et dans leurs unités : L’ESPRIT PARA. Il est à constater que les jeunes paras d’aujourd’hui ont la tenue, l’ardeur et la foi dans leurs missions, souvent difficiles, rendues ingrates, comme par le passé, par les subtilités de la politique politicienne interne et mondiale. Para un jour, para toujours dit le dicton…..le 29 septembre, jour de la St MICHEL, ils remontent les Champs Elysées sous l’impalpable voilure de l’Archange St MICHEL, le Saint Patron des parachutistes, "Quand Saint Michel recommande une âme à Dieu, elle obtient certainement le salut éternel" (Saint Alphonse de Liguori). Et par St MICHEL … !