Engagée dans son métier et dans sa foi
Éleveuse de bovins-viande et maire de Gestas depuis 2014, vice-présidente de la chambre d’agriculture, Maryvonne Lagaronne est connue pour son caractère passionné à défendre sa filière et son métier. Mais elle nous a également confié ce qui la porte, les ressorts profonds de son courage et de son énergie. De même qu’elle s’intéresse à la politique, « dans le sens où elle est au service du collectif », de même elle témoigne que le monde paysan a besoin des autres. « C’est un métier où Ton est soumis aux contraintes de la nature, aux contraintes économiques » explique l’éleveuse qui gère son exploitation avec son mari. « Ces contraintes créent une solidarité nécessaire, mais qui tend à disparaitre avec la chute de la pratique de l’élevage. Les agriculteurs sont dans des situations fragiles car ils ont le sentiment que plus personne ne peut les aider ». Alors elle a décidé de mettre toute son énergie à recréer du lien et à promouvoir l’élevage auprès de la population. Communauté de communes, associations, confréries sont mobilisées pour organiser des balades touristiques, montrer que le paysage et le patrimoine ne seraient pas ce qu’ils sont en Béarn et au Pays basque s’il n’y avait pas l’élevage : des champs ouverts, une culture de la transmission, des traditions comme les pastorales, les fêtes du territoire, la présence de vieilles granges, de vieux moulins... Un poids culturel qu’elle défend avec détermination tout comme la marque « Blond’Aqui », représentant la Blonde d’Aquitaine, la race de vache historique du département, dont elle souhaite porter l’image vers un produit d’excellence. Son caractère entier et énergique, elle l’a mis également au service de sa paroisse et de sa foi. Née à Lucq-de-Béarn dans un contexte d’opposition entre le religieux et le public, fille d’un conseiller territorial et élevée dans un milieu libéral, elle s’est engagée avec passion dans sa paroisse, à travers des groupes de jeunes ruraux, la préparation du synode diocésain de 1992, la formation permanente pour adultes. Plus tard, elle a été à l’origine, avec l’abbé Jean Casanave et l'abbé Sébastien Ihidoy, de la création de l’Ifocap Adour, un Institut de formation pour les agriculteurs. Avec à l’esprit ce désir de cohérence, d’être « actrice de ses convictions ». « Suis- je là où je dois être ? » se demande-t-elle régulièrement. « Elle a également œuvré dans la préparation au mariage pendant 10 ans à Navarrenx, convaincue de la puissance de la vie de couple. » Elle a également œuvré dans la préparation au mariage pendant 10 ans à Navarrenx, convaincue de la puissance de la vie de couple. Sa vie à 200 à l’heure, un pied dans les champs, l’autre dans les salons et les conseils d’administration, lui fait regretter de ne pouvoir pratiquer tous les dimanches. Alors elle nourrit sa foi de textes qu’elle écoute dans sa voiture sur les routes d’Aquitaine. Elle admet ne pas beaucoup dormir, et sa spécialité est le mail de 4 heures du matin pour préparer une réunion ! Ce qui la fait tenir ? « La chance d’avoir deux enfants qui s’engagent » (une fille à l’aumônerie de Pau, un fils qui travaille dans le collectif, dans l’humain) ; ses convictions ; ce que lui ont transmis ses parents : l’écoute et la disponibilité à l’autre ; enfin sa conscience de la fragilité de la vie, elle qui a fait un AYC à l’âge de 15 ans dont elle est restée longtemps paralysée du côté gauche. «J’ai compris que si j’avais le droit de vivre, c’était pour quelque chose ! ».
PS : Un de ses nombreux projets : mobiliser pour rénover l’église de Gestas du XIeme siècle, étape du chemin de Saint-Jacques. Affaire à suivre !
Par Violaine Ricour-Dumas - Notre Église n° 91 - Avril 2018