Au pays du Pape François, ils sont 38 sénateurs sur 72 à avoir rejeté la légalisation de l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse, jeudi 9 août, après des dizaines d’heures de débat.
Jusqu’au bout, la mobilisation des partisans et des opposants à la dépénalisation de l’avortement aura été soutenue. Le matin du vote, juste devant le Sénat argentin, des manifestants laissaient éclater leur colère face aux policiers après le rejet des sénateurs, réputés plus conservateurs que leurs collègues députés qui avaient voté le texte de justesse, le 14 juin dernier.
Il y a deux semaines, le 26 juillet, l'épiscopat argentin publiait sa lettre ouverte pour prévenir contre l’adoption d’un tel projet de loi, qui pourrait légitimer «la mort injustifiable d’un innocent». Le Pape François qui suit attentivement et discrètement la question depuis Rome, s’était lui aussi impliqué dans le débat par une lettre adressée aux fidéles argentins, critiquant «la culture du déchet», dont l’avortement est un signe, selon lui.
Aujourd’hui son appel a, semble-t-il, été entendu par les parlementaires. L’Argentine conserve donc sa loi de 1921, qui n’autorise l’avortement qu'en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère.
Les partisans de la légalisation, eux, devront désormais attendre 2020 pour que la question puisse de nouveau être examinée par le Parlement. La loi fixe en effet un délai d’un an après un rejet, mais en août 2019, à deux mois de l’élection présidentielle, il est peu probable que les partis politiques souhaitent reprendre le débat en pleine campagne électorale.