Le monastère Sainte-Catherine du Sinaï abrite une des plus anciennes bibliothèques du monde. Des récentes recherches sur des manuscrits millénaires ont révélé des informations étonnantes.
Les premiers résultats d’une vaste campagne de recherche sur les palimpsestes — des manuscrits constitués de parchemins déjà utilisés, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau — ont mis au jour des belles surprises, révèle Le Figaro.
Perdu au cœur du désert aride du Sinaï et protégé par une grande muraille, le monastère, construit au IVe siècle, renferme de nombreux manuscrits et livres précieux. Conservés dans une bibliothèque ultra confidentielle — une des plus anciennes du monde — , les ouvrages ne sont accessibles que par un petit nombre de privilégiés. Si vous êtes chercheur ou un invité spécial, vous aurez peut-être la chance d’y pénétrer !
Cette pièce secrète, sur deux étages, a été rénovée récemment. Au niveau inférieur, on trouve des cabinets grillagés où sont conservés les manuscrits les plus fragiles, précieusement emballés, vieux de 1700 ans pour certains. La bibliothèque en compte environ 2000. « Chaque manuscrit a sa propre histoire, sa propre complexité […] ces récits ont été lus avant nous par les générations précédentes, on peut voir les coins des pages cornés, les gouttes de la cire des bougies… », confie le père Justin au Figaro.
Pour les manuscrits les plus précieux, un programme de numérisation a été mis en place il y a déjà cinq ans, pour préserver ces richesses, d’une part, mais aussi pour les rendre plus accessibles aux chercheurs.
Découverte de textes inédits
C’est l’équipe de l’Early Manuscrits Eletronic Library (Emel) — une organisation américaine à but non lucratif — qui s’attèle depuis 2011 à capturer, page par page, les 160 palimpsestes du monastère, considérées comme l’un des plus précieux trésors de la bibliothèque.
Au Moyen Âge, pour des raisons certainement financières, les moines réutilisaient des livres en y effaçant des textes rédigés pour en réécrire de nouveaux. À l’aide de technologies de pointe, les équipes de l’Emel ont pu mettre au jour des textes invisibles à l’œil nu et recouverts par d’autres textes. « Les couches recouvertes contiennent des langages et des textes qui possèdent une valeur inestimable pour reconstruire l’histoire du Moyen Orient, de la fin de la période Antique et du Moyen Âge », confie l’un des chercheurs, présent sur le site.
Parmi les découvertes exceptionnelles, Emel a révélé trois textes qui auraient été écrits par Hippocrate, considéré comme le père de la médecine. Une fois tous les textes mis au jour, les données seront envoyées à une équipe de 25 linguistes et spécialistes aux États-Unis, en Géorgie et au Liban. Cette étude, qui devrait prendre fin au début de l’année 2018, devra être révélée au grand public et accessible via un portail internet réalisé par l’université de Californie de Los Angeles.