Retour sur la conférence de l’archevêque maronite de Damas, Mgr Samir Nassar sur la thématique : « Chrétiens d’Orient entre vie et mort »
Petit à petit des vagues successives de spectateurs venaient prendre place en l’église Notre Dame de l’Océan, à Saint-Jean-de-Luz, afin de participer à la conférence de Monseigneur Samir Nassar, qui clôture par la même occasion « les mardis de l’été » dont l’édition de cette année, fût rythmée par la présence d’intervenants de haute qualité.
Renouvelé par une foi éprouvée face au conflit de son pays et un mécanisme de survie, Monseigneur Samir Nassar, fut introduit par le curé de la paroisse, le père Landart, organisateur de l’évènement. Ce dernier n’a pas manqué de nous rappeler en exorde du discours du prélat, l’action de la providence en faveur de Monseigneur. Rescapé d’un attentat à Damas, un obus tomba sur son lit et explosa, mais son action fut stérile, Monseigneur eut le besoin, l’instant d’avant, de se rendre dans la salle de bain, la pièce attenante et comment ne pas voir dans cet épisode, la main de Dieu qui protège ses éminents fidèles.
Monseigneur Samir Nassar, qui revenait du sommet pour la famille à Dublin, a débuté sa conférence en faisant correspondre, sous le patronage de Saint Jean Baptiste, la ville de Damas qui accueille la sépulture de celui-ci, avec celle de Saint-Jean-de-Luz, nous rappelant la dévotion et la protection que mirent en œuvre François Ier et Louis XIV pour les chrétiens d’orient.
Après ce bref clin d’œil diplomatique, Monseigneur de continuer sur les motivations profondes qui l’habitent « nous sommes en Syrie une Église apostolique, si autrefois nous en comptions plus de milles, aujourd’hui ne reste plus qu’une centaine d’entres elles, mais vivantes, ô combien ». Il s’est ensuite exprimé au sujet du catéchisme, pierre angulaire de l’action de l’Église syrienne, confrontée à de nombreux problèmes de décrochages « nos jeunes sont baptisés, puis ils font leur première communion et disparaissent », Monseigneur a pris soin de nous exprimer d’autres réalités délicates, comme une liberté de culte minimale avec l’interdiction de baptiser un musulman, même à sa demande, pour cela il devra se rendre au Liban, seul pays qui permet cette conversion et son « administration », l’interdiction aussi d’évangéliser et la problématique des mariages mixtes, la préférence allant de surcroît à l’islam, le chrétien devra par conséquent, qu’il soit homme ou femme, revêtir la confession musulmane.
Si les déboires sont nombreux, un point essentiel est venu vivifier leur foi nous explique-t-il avec émotion, les chrétiens d’Irak sont venus à Damas pour fuirent le Khalifa de Daech, « ces minorités chrétiennes, irakiennes, n’ont pas peur de proclamer leur foi, ils sont très fiers et courageux, ils déploient leurs convictions chrétiennes aux yeux de tous, nous autres Syriens, sommes plus timides comme vous en France ». L’Église d’Orient est ont ne peut plus fragmentées de rites divers, qui n’en sont pas moins complémentaires pour le salut du monde, Monseigneur de souligner l’irénisme probant qui règne dans son église où Grecs orthodoxes, Grecs catholiques, chaldéens, maronites, syriaques catholiques et romains se rencontrent lors des célébrations, comme pour la fête des rameaux, qui revêt en Orient un caractère fort particulier. Les photos qui défilent par l’intercession du rétro projecteur servent d’arguments à son commentaire ; nous pouvions voir la procession dans les ruelles anciennes de la cité du Jasmin qui fût la première à recevoir les prêches de Saint Paul au IVème siècle, les fidèles emportant avec eux des myriades de bougies. Nous apprécions également les statuaires de leurs églises et les différents tableaux de la vierge Marie comme de Saint Antoine de Padoue, offerts à celle de Damas en 1864 par Élisabeth la catholique. l’icône aussi très apprécier en orient, car elle est « elle-même une leçon de catéchisme », à en croire celle de la Sainte Vierge Marie du Xème siècle, restaurée neuf fois, qui nous explique-t-il, est le fondement même du chrétien, cette icône s’articulant autour des couleurs blanches et rouges, symbole d’éternité et d’incarnation, soulignant la main levée avec deux doigts de l’Enfant Jésus, afin de marquée la conclusion du concile de Chalcédoine en l’an 451 ; affirmation des deux natures consubstantielles du Père ; à la fois Homme et Dieu.
Monseigneur Samir Nassar nous a par la suite invités à chanter en arabe, l’Ave Maria, le chant fut entonné avec ferveur par toute l’assemblée, psalmodiant à l’unisson Salam Salam laki ya Maryam, sur l’air de l’Ave Maria de Jean Gaignet, devenu l’hymne du sanctuaire Mariale de Lourdes.
Fort de son particularisme Monseigneur a pu rendre hommage à celles qui sont pour l’église de Damas un atout majeur, les religieuses au service des paroissiens, commentant leurs dévotions en temps de guerre, mais aussi le nombre grandissant d’un côté des vocations chez les séminaristes et de l’autre la fuite de beaucoup de jeunes, préférant s’exiler à l’étranger, pour beaucoup au Canada ou en Australie, afin de ne pas avoir à grandir les rangs de l’armée, « La guerre a démoli toutes nos églises, évêchés, archevêchés ». Le conflit syrien débuté en Mars 2011 à ôté la vie à plus de six cents milles personnes et mit à la rue douze millions de réfugiés qui sont pour la plupart sunnites et qui risqueraient d’être tentés par la violence s’ils restent à errer sans but. « L’effondrement de l’économie a rendu tout le monde pauvre, nous vivons en assistés, nos enfants sont des esprits abîmés, ils n’ont pas compris pourquoi tant de violence ?! »
Sollicitant nos prières et notre charité, Monseigneur d’exprimer « soyez fiers de votre pays, aux XIXèmes, sur dix missionnaires, six étaient français », « La Politique française à l’air de devenir réaliste, nous devons faire la paix tous ensemble, avec Bachard al-Assasd, c’est une urgence, vous savez en Syrie, se sont quatre-vingt-cinq pays qui se font la guerre, sur fond de problèmes économiques liés au gaz, la guerre en Syrie c’est le drame le plus important après la Seconde Guerre mondiale que l’humanité a connue, plus violente que celle du Vietnam, le pape François de commenter à ce sujet : « la Syrie une guerre mondiale fragmentée ». Monseigneur de terminer en exposant une réalité pleine d’espérance, « nous vivons depuis des milliers d’années avec l’islam, pendant la guerre nous nous sommes entraidés, d’ailleurs, à ce sujet, le pape Benoit XVI est un homme prophétique, avant la guerre en 2010 il nous a invités à un synode sur les chrétiens d’Orient afin de vivre un témoignage sincère avec les musulmans, nous exhortant de nous reposer intégralement sur la doctrine sociale de l’Église, afin de poursuivre un chemin de paix ».
Afin d’aider l’église de Damas et à cause du blocus que la guerre engendre, l’intégralité de la quête de la messe à été dévolu aux Chrétiens d’Orient.
Par Louis-Jean de Barmon