Le dernier film de et avec Bruno Podalydès enchantera les écrans français dès le 20 juin, avec la candeur naïve de la célèbre gouvernante bretonne Bécassine.
« Bécassine, c’est ma cousine », tout le monde se souvient de ce titre à succès de Chantal Goya des années 1980. Mais aussi du vêtement à la fois excentrique et banal de la longue jupe verte et du bonnet blanc du personnage de la bande-dessinée Bécassine, écrite par Jacqueline Rivière et dessinée par Émile Pinchon au début du siècle dernier. Elle était presque tombée dans l’oubli et Bruno Podalydès l’a ressortie à l’occasion de son dernier long-métrage, intacte, pure et naïve, comme un parfum de douce France dont on aime à se souvenir.
Podalydès, fidèle à ses succès et à l’esprit d’enfance
L’on retrouve bien ici le réalisateur du Mystère de la chambre jaune, inspiré du roman de Gaston Leroux, avec un scénario bien mené et une image à la fois belle et fictionnelle, qui nous emmène dans un univers où le jeu a la part belle et l’humour un accent de l’esprit français encore indemne des bavures de la vulgarité. Son cinéma avait manqué. Si l’on poussait un peu, ce film s’inscrirait dans la lignée des Choristes de Christophe Barratier, sorti en 2004, dans sa nostalgie de la France d’antan, hors des deux guerres mondiales ou bien encore des drames sociaux ou politiques. Bien que le film d’Albert Dupontel Au-revoir là-haut soit passé par là.
Bande annonce
Bécassine est la fille unique d’un couple besogneux dans la campagne bretonne. Ils n’ont guère le temps de s’occuper d’elle et son oncle chasseur, incarné magnifiquement par Michel Vuillermoz, s’en charge comme il le peut, avec toute l’originalité qui est la sienne. Elle rêve de se rendre à Paris et d’y découvrir ses merveilles, comme beaucoup de jeunes filles de son âge. Mais son destin croise celui de la petite Loulotte, diminutif de Louise-Charlotte, dont elle devient la gouvernante au château de la marquise, un peu bécasse aussi, dans un autre domaine…
L’esprit d’enfance est à l’œuvre et respecté ici, rescapé, à une époque où les enfants ne semblent plus s’intéresser qu’aux intrigues du monde adulte et même à leurs travers, sacrifiant — ou sacrifiés ? — leur enfance à force de s’adapter aux normes de la modernité. Bienvenue à Bécassine et à sa petite protégée Loulotte, qui s’amusent à s’aimer et à créer des liens, comme le Petit Prince avec son renard.
Bécassine, une femme au grand cœur
Au château, le personnel est haut en couleurs avec les caractères bien trempés de chacun, dont celui de la femme de ménage incarnée par Josiane Balasko. Bécassine débarque alors de sa Bretagne profonde et découvre un monde nouveau, sans jamais remarquer pourtant le mauvais chez les autres, ni leurs défauts. Il y a pourtant de quoi faire entre les frasques de la maîtresse de maison et ses handicaps maternels. La petite Loulotte s’épanouit grâce à la présence bienfaisante de sa gouvernante hors du commun. Elle s’ingénie à trouver des solutions pour chacun, grâce à son esprit pratique, jusqu’à l’arrivée d’un curieux artiste, marionnettiste (Bruno Podalydès), dont s’entiche la marquise, ce qui mettra en péril les finances de la propriété. Denis Podalydès incarne son concurrent pour obtenir les faveurs et l’attention de cette femme insouciante.
Au-delà de l’intrigue du film, de petites perles de candeur parsèment l’histoire, grâce au très bon casting de l’enfant notamment mais aussi au jeu délicieux d’Émeline Bayart pour nous tenir compagnie en Bécassine. Un retour en enfance assuré, un bon moment surtout, où l’on rit volontiers autant qu’on se laisse aller à croire à nouveau à l’innocence des enfants aussi bien qu’à celle des adultes.