La restauration du clocher d’Audaux nous invite à redécouvrir cette tour dressée comme doigt vers le ciel pour rappeler la présence bienveillante d’un Dieu d’amour.
La commune vient de lancer une campagne de restauration du clocher. Elle a débuté fin novembre 2016 et court jusqu'au mois de février 2017. Cette restauration est l'occasion de mener une petite enquête.
C'est l'entreprise Arriau, que je connais bien, qui est chargée de la restauration du clocher. J’ai eu la joie de rendre une visite aux couvreurs et de voir le chantier de près. La vue de la paroisse d’en haut vaut le coup d’oeil. Christophe Arriau m’assure que la charpente est en bon état, ils renouvellent les liteaux et les ardoises.
Ce clocher du XVIIème abrite deux cloches qui rythment la vie spirituelle du village : angélus, messe, glas, enterrement, baptême, mariage. On se souvient de Marie Cabane qui sonnait les cloches à la main, matin, midi et soir dans une fidélité incroyable. Elles sonnent le tocsin pour donner l’alerte, comme ce fut le cas pour la déclaration de guerre en 1914 et 1939. Elles bénissent de leur voix l'heure qui s'ouvre et accompagnent mélodieusement les coups de fourchettes de l'auberge Claverie.
Baptême des cloches
Aussi surprenant que cela puisse être, la bénédiction d'une cloche s’appelle « baptême ». La cloche reçoit un nom, elle est aspergé d’eau et ointe avec le Saint chrême, comme un nouveau-né elle est habillée d’une robe blanche et reçoit un parrain et une marraine. Ce rituel laisse une empreinte gravée sur la cloche et ces inscriptions montrent que la foi s’enracine dans notre terroir et dans notre histoire.
Saint Vincent
La première cloche fut baptisée en 1890 par le curé d’alors, l’abbé Pierre Haget. Elle porte le nom du Saint Patron du village. Elle avait pour parrain François Ribeton et pour marraine Honorine Candau. Le maire Henri Ribeton et son adjoint Lucien Lacrampe assistèrent à la cérémonie. Cette cloche fut commandée à un célèbre fondeur, Ursulin Dencausse de Tarbes. Cette fonderie se targuait d’une expérience de quatre siècles et fournissait des cloches dans tout le Sud-ouest.
Marie-Henriette
La deuxième cloche nous fait remonter dans l’histoire lointaine du village. Elle vient du même fondeur et fut baptisée aussi en 1890 par le curé en présence du Président de la fabrique Pierre Campagne. Son parrain est le maire Henri Ribeton et sa marraine Marie Ribeton Lacrampe. Sur une des faces une série de dates et de noms nous replongent dans le temps. La première 1677, accolée au nom « Pierre de Gassion », manifeste le lien entre l’église d’Audaux et cette famille. L’église est incendiée par les troupes protestantes de Jeanne d’Albret en 1569. Elle est restaurée et agrandie autour de 1667 à la demande de Pierre de Gassion, alors propriétaire du château. Pourquoi cette date de 1677 ? Est-ce la date de l'achèvement du clocher ? La deuxième date, 1834, avec le nom « Antoine d’Abbadie », évoque cet explorateur dont le souvenir est perpétué à l’ABBADIA, château surréaliste, qui surplombe la mer près d’Hendaye. Antoine d’Abbadie acquiere en 1834 le château d’Adaux. Dans la cave située sous le grand escalier du logis principal, il aménage son premier observatoire scientifique. Il y fait plus de 5.000 relevés sur la sismologie et la verticalité. Il installe au premier étage une bibliothèque unique au monde, composée de manuscrits anciens ramenés d’Ethiopie qu’il laisse à la garde de son serviteur noir Abdula. Il séjourna pendant 10 ans en Abyminie et dressa la première carte de ce pays ; sa grammaire et son dictionnaire d’éthiopien sont encore en usage aujourd’hui. Il ramena des Ethiopiens de grande taille à Audaux ; à leur mort, ils furent enterrés devant le clocher.
Merci Madame le maire, merci au conseil municipal de prendre soin des cloches. Je continuerai à vous les sonner, non pour vous rabrouer, mais pour doucement appeler les âmes à venir à la maison du Seigneur pour le retrouver.
Abbé Ludovic