La joie jaillit de l'Espérance
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NSTV Espérance

| abbé Ludovic 1048 mots

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Cet été, malgré la crise sanitaire, 120 jeunes accueilleront les pèlerins à Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques). Comme chaque année, ils seront coordonnés par le père Ludovic de Lander et Sabine Courtois. Une belle initiative qui entretient la flamme de l’hospitalité dans le cœur de la jeunesse !

 

Le père Sébastien Ihidoy, qui a exercé sa mission de prêtre et d’accueillant pendant une vingtaine d’années à Navarrenx. © Gaële de La Brosse

Dans cette région, la tradition de l’hospitalité pèlerine existe depuis le Moyen Âge. « À Navarrenx et Sauveterre, il y avait, avant la Révolution, un hospice pour pèlerins tenu par les Antonins, un ordre hospitalier dévoué à l’accueil des pèlerins », raconte le père Ludovic de Lander, curé des paroisses de Navarrenx et Sauveterre-de-Béarn, toutes deux situées sur les chemins de Saint-Jacques. Le père Sébastien Ihidoy, si apprécié des pèlerins, a poursuivi cette tradition, d’abord à Navarrenx puis à Cambo-les-Bains, jusqu’à sa mort en 2016.

Coup de foudre pour le Camino

Le père Ludovic a eu le coup de foudre pour les chemins de Saint-Jacques en 1989, aux JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) qui se sont déroulées à Compostelle avec le pape Jean-Paul II. Suite à une rencontre providentielle, il accompagne chaque année sur ces chemins, avec une équipe du Secours catholique, des personnes en précarité: les « Marcheurs de l'Espérance ». «C'est une expérience incroyable de marcher avec des personnes bénies par la vie, mais avec un cœur énorme, explique-t-il. Nous formons une véritable famille. J'ai vu de vrais miracles pendant ces journées: des âmes verrouillées, enchaînées, s'ouvrir comme des fleurs. Nous arriverons l'an prochain à Compostelle, pour l'année jubilaire », se réjouit-il.

La joie règne chez les accueillants. À droite, le père Ludovic de Lander. © Marie-Claire Lacoste

Outre cette marche annuelle, le père Ludovic a effectué d’autres pèlerinages sur ce chemin qu’il ne quitte plus. « A la veille de Noël 2017, ajoute-t-il, j’ai entendu un appel irrésistible à partir marcher pour une petite fille de ma paroisse gravement malade. Après la messe de Noël, j’ai fait mon sac et je suis parti sur le Camino del Norte. Depuis, j’ai pris goût à la marche solitaire, l’hiver, en connexion Wi-Fi avec le Ciel. C’est une autre façon de pérégriner ! »

L’accueil pèlerin : une évidence !

En 2017, quatre ans après l’installation de ce prêtre-pèlerin à Navarrenx, les religieuses qui occupaient la Maison Saint-Antoine sont parties en retraite. La nature ayant horreur du vide et le père Ludovic étant un jeune curé dynamique et innovant, le projet fut vite conçu et réalisé : cette maison allait à présent accueillir les pèlerins en donativo (c’est-à-dire en « libre participation aux frais »).

Verre de l’amitié offert dans l’ancienne chambre du père Ihidoy, par la commune et les accueillants de la paroisse, en présence des jeunes. © Marie-Claire Lacoste

« Avec ses “clins Dieu”, la Providence a dû apprécier ce projet, puisque tout s’est mis en place aisément », explique le père Ludovic, qui est également responsable de la Pastorale des chemins de Saint-Jacques pour le diocèse de Bayonne. Une mère de famille parisienne, Sabine Courtois, a rejoint l’aventure, et tous deux ont souhaité confier cet accueil à des jeunes.

Une équipe de jeunes bénévoles. Au centre, le père Ludovic de Lander. À droite, Sabine Courtois. © Marie-Claire Lacoste

De fin juin à début septembre, scouts, guides, séminaristes, étudiants et jeunes pros, de diverses provenances géographiques, accueillent ainsi les pèlerins à la maison Saint-Antoine. Ils leur font visiter la superbe église Saint-Germain-d’Auxerre et animent un temps de méditation.

A Sauveterre-de-Béarn, animation d’une veillée de prières en présence de paroissiens, de pèlerins et de touristes. © Marie-Claire Lacoste

Puis ils les accompagnent au « verre de l’amitié » offert par la paroisse et la municipalité dans la chambre qu’occupait le père Sébastien Ihidoy, à l’arrière du presbytère.

Là, ils tamponnent leur credencial (1) et invitent ceux qui le souhaitent à partager leur repas. La maison Saint-Antoine peut également héberger jusqu’à quinze personnes (accueillants inclus) en dortoir ou en chambres individuelles.

« Les pèlerins sont très touchés d’être ainsi choyés par ces jeunes qui se mettent à leur service, commente Sabine Courtois, et a contrario ces accueillants sont très touchés par la démarche des pèlerins. »

A Navarrenx, le père Ludovic de Lander bénit la coquille d’un pèlerin. © Marie-Claire Lacoste

Et cette année ?

« La première année, explique Sabine Courtois, c’était un temps de rodage : 10 jeunes ont répondu à l’appel. L’année suivante, ils étaient 60. Cet été, où l’accueil sera assuré du 5 juillet au 15 septembre, 120 jeunes vont se relayer par périodes d’une semaine. Nous avons eu une affluence de candidatures, et nous avons dû en refuser. En effet, à cause de la crise sanitaire, bon nombre de leurs projets estivaux ont été ajournés. »

Procession du 15 août rassemblant jeunes accueillants, pèlerins et touristes. © Marie-Claire Lacoste

Du fait de cette conjoncture, cette « saison 3 » sera particulière : alors que d’habitude, 15 000 à 20 000 pèlerins passent par Navarrenx chaque année, ils seront probablement moins nombreux en 2020. Mais les accueillants pourront rendre d’autres services à la paroisse.

Sabine Courtois et le père Ludovic insistent aussi sur un point : il est souhaitable que ces jeunes arrivent à pied à Navarrenx, en effectuant une semaine de marche préliminaire. En cas d’impossibilité, ils effectueront, pendant leur séjour, un aller-retour à l’abbaye de Sauvelade (Pyrénées-Atlantiques) en accompagnant les pèlerins.

Une fois la mission terminée, départ d’une équipe de guides, entourées par le père Ludovic de Lander et le père François-Régis Jasnot. © Marie-Claire Lacoste

« Les échanges entre ces jeunes et les pèlerins seront sans doute encore plus riches cet été, remarque Sabine Courtois, car ce chemin sera l’un des moyens privilégiés pour guérir les souffrances et blessures résultant de la crise sanitaire. Pour les uns comme pour les autres, il les aidera à tourner la page du confinement et à redémarrer d’un bon pas ! »

Devant le succès de cette initiative, Sabine Courtois et le père Ludovic n’ont qu’un rêve : qu’elle se multiplie tout au long des chemins. Pour ce faire, ils songent à créer une association. « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » : tel pourrait en être l’objet !

(1) Document où le pèlerin fait apposer un tampon à chaque étape.

Pour aller plus loin...

Renseignements :
 

Sur le site de la paroisse de Navarrenx-Sauveterre

Courriel: sabinects@hotmail.com (Sabine Courtois)

 

 

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